Edito n° 180

Edito n° 180

Il était attendu comme le loup blanc. Et il n’a pas raté son rendez-vous avec la cité phocéenne… Non, nous ne parlons pas de Fabien Barthez. Les exploits dominicaux du portier nantais ayant mis à mal une partie de la rédaction, nous ne reviendrons pas sur l’humiliation qu’il a infligée à une équipe de l’OM quelque peu essoufflée.

Usuaïaïaï

Il était attendu comme le loup blanc. Et il n’a pas raté son rendez-vous avec la cité phocéenne… Non, nous ne parlons pas de Fabien Barthez. Les exploits dominicaux du portier nantais ayant mis à mal une partie de la rédaction, nous ne reviendrons pas sur l’humiliation qu’il a infligée à une équipe de l’OM quelque peu essoufflée.
D’autant qu’une autre figure populaire était de passage à Marseille la semaine dernière : Nicolas Hulot. Invité-vedette du Festival Sciences Frontières au Palais du Pharo, l’homme venait promouvoir le développement durable et ce fameux pacte écologique[1] qui a mis, l’espace de quelques semaines, le feu aux poudres d’une campagne électorale décidément lamentable (nous aurons l’occasion d’y revenir…).
Si l’idée d’« animer » la campagne en menaçant les candidats de se présenter en cas de refus d’adhésion à ses principes semble ingénieuse, on peut toutefois émettre quelques réserves, et sur le contenu dudit pacte (tant qu’à faire, Hulot aurait pu profiter de l’occasion pour établir un programme plus complet…), et sur le défenseur (médiatique) de la cause écologique. Qui n’est pas que l’animateur « nature » d’une émission populaire… Mais également à l’origine d’un business florissant orchestré par sa chaîne (TF1), qui a fait d’Ushuaïa des gels douche, des lunettes, des DVD… et même un 4×4 ! Et ne parlons même pas des sponsors quelque peu gênants de la Fondation Ushuaïa (L’Oréal, Bouygues Télécom, Les Autoroutes du Sud de la France…)[2]. En matière d’hypocrisie, Hulot semble toutefois avoir trouvé son maître en la personne de Jean-Claude Gaudin. Jeudi dernier, le Sénateur Maire de Marseille et Président de MPM (Marseille Provence Métropole) signait le Pacte écologique, affirmant fièrement qu’il s’agissait de « la concrétisation d’un ensemble de mesures déjà mises en œuvre » (sic) — et faisant curieusement abstraction de la politique environnementale absurde menée jusqu’ici par la communauté urbaine. Quid de l’urgence écologique lorsque l’on a fait de sa ville la championne de France du tout automobile (urbanisme archaïque, tarifs exorbitants et inefficacité des transports en commun…), poussant le vice jusqu’à installer un tramway dans le seul but de « requalifier » le centre-ville ? Quid du développement durable dès lors qu’aucun tri sérieux des déchets n’est organisé, que piétons et cyclistes n’ont pas droit de cité, que les rats s’en donnent à cœur joie ? Et pire, lorsque l’on estime que l’incinérateur, comme celui actuellement en construction à Fos-sur-Mer, est « la meilleure alternative à l’enfouissement des déchets » ? Jeudi dernier, quelques heures avant que la mascarade médiatique ne commence, Nicolas Hulot se déclarait « touché, voire choqué qu’une fois de plus les habitants de Fos paient un lourd tribut environnemental et écologique alors que la barque est déjà chargée. » Et pourtant, il l’a laissé signer…

Texte : CC
Photo : Damien Bœuf

Notes

[1] www.pacte-ecologique-2007.org

[2] Pour plus d’infos, lire l’article — partisan mais assez édifiant — de Sophie Divry paru sur le site d’Acrimed : http://www.acrimed.org/article2498.html