Edito n° 166

Edito n° 166

En ces temps où certains — accablés par l’ambiance délétère qui règne dans l’Hexagone et quelque peu pessimistes quant à son avenir (on les comprend !) — envisagent sérieusement de quitter le pays, il en est d’autres dont l’espoir ne fléchit pas, dont l’idéal de justice n’a d’égal que la pugnacité. Qu’ils aient… (lire la suite)

C’est (toujours) la lutte…

En ces temps où certains — accablés par l’ambiance délétère qui règne dans l’Hexagone et quelque peu pessimistes quant à son avenir (on les comprend !) — envisagent sérieusement de quitter le pays, il en est d’autres dont l’espoir ne fléchit pas, dont l’idéal de justice n’a d’égal que la pugnacité. Qu’ils aient choisi d’en rire, comme les désopilants Grolandais, ou d’en faire un combat de tous les jours, même à une échelle microscopique, tous permettent d’entrevoir un monde meilleur, si ce n’est dans l’absolu, du moins relativement à cette situation absurde qui caractérise l’Occident d’aujourd’hui.
Les rabat-joie auront tôt fait de ricaner, prétextant l’inutilité d’une démarche ne consistant bien des fois qu’à dénoncer. Et quand bien même, la démonstration[1] n’est-elle pas le premier pas vers l’acte fondateur de la démocratie, à savoir le débat — d’autant plus dans une société où les médias ont jeté la déontologie avec l’eau du bain capitaliste ?
Quant aux résignés de tous bords, c’est plutôt le mot « utopistes » qui leur viendra à l’esprit (et à la bouche). Comme si c’était un gros mot. Depuis quand l’espoir est-il un rêve que le monde occidental n’a ni le temps ni — et c’est là le plus triste — l’envie de se payer ? Pourquoi ne serait-il pas une religion[2] comme une autre ? Pourquoi certains se sentent obligés d’afficher un cynisme effroyable sitôt qu’on entonne L’Internationale ? L’un des plus beaux hymnes du monde[3], qui trouve son apothéose dans sa sentence finale : « Le soleil brillera toujours ». A l’inverse du libéralisme économique, la lutte citoyenne ne se nourrit pas de violence : il y est toujours question de survie. A chacun ensuite de se l’approprier, qui en montant sur les planches[4], qui en consacrant une nuit au film militant[5]. Ou encore en faisant le point sur la lutte, à l’instar de la petite mais très active structure Mille Bâbords qui, non contente de répertorier chaque semaine tous les événements ayant peu ou prou trait à l’actualité sociale et politique[6], organise dimanche une journée festive à l’occasion de son cinquième anniversaire[7]. Il y sera notamment question de la désobéissance civique, une notion qui fait peur alors qu’elle représente sans doute l’ultime garde-fou de la démocratie. Alors que le centenaire de l’acte fondateur de Gandhi[8] paraît occulté par le souvenir d’un 11 septembre plus médiatique, il semble nécessaire de rappeler que la désobéissance civique est non seulement un droit, mais aussi un « devoir », entériné depuis le Procès de Nuremberg. Une forme de protestation collective dont on ne peut que se réjouir de la récente recrudescence en France[9], malgré une criminalisation toujours plus inique. Groupons-nous et demain…

Texte : CC
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Notes

[1] Sous n’importe quelle forme : manif (et son joyeux dérivé, la flashmob), documentaire, spectacle, vote…

[2] Au sens premier du terme : « qui relie les hommes »

[3] Intégralité des paroles sur http://www.paroles.net/chansons/16105.htm

[4] Comme l’a judicieusement fait remarquer notre pigiste dans le précédent Hors Série, la rentrée théâtrale s’annonce chargée en spectacles politiques. Nous y reviendrons.

[5] Festival du film militant à Aubagne, ce samedi dès 15h à l’Escale Saint-Michel. Rens. 04 42 03 48 61 / 04 42 18 17 17

[6] www.millebabords.org

[7] La petite sauterie aura lieu au Nomad’Café, de midi à 21h. Rens. 04 91 50 76 04

[8] Le 11 septembre 1906, Gandhi réunit trois mille personnes au Théâtre impérial de Johannesburg pour prêter serment de « désobéissance ».

[9] contre les cultures d’OGM, les expulsions de sans-papiers…