Edito 297

Edito 297

Après les cinq cents signatures, le deuxième passage obligé des dix candidats en lice est la déclaration de leur situation patrimoniale. La loi oblige en effet le président sortant à déclarer ses montres ostentatoires. Pour les autres, seul le vainqueur verra sa déclaration publiée et ce sont seulement les enquêtes de presse qui permettent d'évaluer leurs biens déclarés et l'imposition qui va avec. Ces investigations nous donnent un aperçu du rapport que les prétendants entretiennent avec la morale et la loi, entre bonnes intentions et réalité des comportements. Il serait facile de pointer les contradictions du riche « candidat des pauvres » – tiens, l'inverse est plus rare – mais en règle générale, les revenus des prétendants au titre se situent au-dessus de la moyenne. Nicolas
Sarkozy est un peu plus à l'aise de 600.000 euros, soit ce que représente le doublement de rémunération sur cinq ans qu'il s'est octroyé en début de mandat. Les parlementaires parmi Mélenchon, Joly, Hollande, Bayrou, Dupont-Aignan et Le Pen profitent tous avantageusement d'une finesse fiscale qui leur permet de séparer revenus de leur mandat et les autres. Plutôt que bêtement additionner comme tout le monde et payer l’impôt sur le total, ils peuvent choisir d'être imposés séparément. Cela leur permet d'éviter les tranches hautes de l'impôt sur le revenu et de conserver des sommes substantielles. Quelques mentions spéciales sur cette utilisation de la loi : Jean-Luc Mélenchon dit reverser la différence au fisc français et Eva Joly refuser les « stratagèmes » pour échapper à ses impôts et paye plein pot.
Au-delà des situations individuelles, un consensus s'est formé autour de l'injustice de notre système fiscal. Les taux d’imposition réels sont plus élevés pour les plus modestes des ménages et s’abaissent pour les plus riches. Les chercheurs auteurs de l'essai Pour une révolution fiscale l'ont démontré. Déployé sur le site revolution-fiscale.fr, un simulateur permet de jouer au ministre de l'économie en examinant l'impact de la politique choisie. Leur proposition ? Un prélèvement à la source, compréhensible et juste. La politique de redistribution des richesses nécessite une évolution à l'issue du débat électoral. Qu'il ne soit pas vain (pour cent).

Victor Léo