Edito 289

Edito 289

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Grèce… sans jamais oser le demander

Il était une fois une jeune femme grecque, Aphrodite, qui aimait beaucoup les plaisirs de la chair. Son appétit sexuel était tel que cette « déesse de l’amour » — rebaptisée ainsi ironiquement par les langues de vipères d’Olympie — multipliait sans vergogne les aventures extraconjugales avec tous les Apollons. Faisant fi des ragots de la Méduse, Gorgone, et des réprimandes de son paternel, Zeus, dont elle n’aimait vraiment pas s’attirer les foudres, la déesse, qui avait le diable au corps, continuait de s’envoyer en l’air avec tout ce qui bougeait — on raconte qu’elle fut prise la main dans le sac avec Hermès, qu’elle préférait l’amour en mer, c’est une question de tempo, avec Poséidon, ou qu’elle faisait boire le calice jusqu’à la lie à Dionysos… Les semaines passaient, les amants défilaient et les chiennes de garde n’en finissaient plus d’aboyer, reprenant à leur compte la fameuse devise olympique « L’essentiel est de participer, mais de critiquer aussi » — cependant qu’Aphrodite respectait au pied de la lettre la non moins fameuse maxime « Allez les gars, plus vite, plus haut, plus fort !!! ». Parmi les médisances qui circulaient le plus revenaient sans cesse celles sur le physique « quelconque, pour ne pas dire ingrat », selon la vox populi, de la déesse qui avait le feu sacré — elle était mariée avec le Dieu du feu — mais aussi au cul. Il n’en fallut pas plus, aux habitants de la Grèce d’en bas, qui n’étaient pourtant pas sortis de la cuisse de Jupiter, pour en conclure que la diablesse devait vraisemblablement « avoir le bras long » pour se taper autant de beaux Apollons. La nouvelle en forme de vilaine rumeur déclencha la colère d’Aphrodite qui, oubliant le conseil maternel de Héra — qui lui disait « sois gentille, si t’es pas jolie » — ordonna à son père de cramer tout le village en un éclair — d’Eugénie, une amie un poil fasciste. Les observateurs de l’époque, comme Eole ou Hélios, quoi qu’un peu perchés, décrétèrent que le premier coup de piston de l’histoire venait de se dérouler sous leurs yeux. Voilà pourquoi depuis des millénaires, depuis le bras de Zeus, depuis le wonderbra d’Aphrodite, il est question, dès lors qu’on demande un service, plus ou moins important, de longueur — même s’il paraît, messieurs, que ça compte pas — de bras et de ses largesses, pour solde de tout « conte ».

Henri Seard