Edito 288

Edito 288

Pauvres de nous !

« Gaudin, as-tu du cœur ? Tout autre que mon maire l’éprouverait sur l’heure. » Mettre la main à la poche sans se sentir agressé, remettre son obole au pauvre hère affaissé, depuis longtemps Jean-Claude ne s’y est plus attelé. Qui a pu le piquer ? Son adjointe Pozmentier, qui a signé cet indigne arrêté anti-mendicité (1) ? Le nouveau préfet de police Gardère, satisfait de rendre « visible » l’action de ses chiens policiers ? L’électorat mariniste qu’il faut dans le sens du poil brun caresser ?
Quel que soit le mobile, le résultat est le même. Marseille devient à son corps défendant le laboratoire d’idées de la droite en campagne. Sarkozy, Guéant, Gaudin, même combat.
Quand la petite histoire rencontre la grande, cette décision locale prend du relief. Les dirigeants européens tentent depuis plusieurs semaines de repousser l’épouvantail d’un effondrement généralisé en agitant l’austérité. Ainsi, peuple de Marseille et d’ailleurs, si vous n’êtes pas prêts à des sacrifices, moins de salaire, moins d’emplois, moins de services publics, voilà ce qui vous attend. La rue, la misère, la faim. Et si vous tombez si bas, que vous n’avez plus d’autre ressource que réclamer votre pitance et tendre la main, on viendra vous la refermer. Le capitalisme du désastre est à l’œuvre. Au-delà de cette ligne, point de salut. Il faut persuader les marchés financiers de ne pas nous dégrader. Nous en sommes à leur quémander « A vot’bon cœur, M’sieur, Dame ! » ; ils n’auront qu’à prendre un nouvel arrêté.

Victor Léo

Notes
  1. Vous pouvez lire l’arrêté anti-mendicité sur Libé Marseille : http://www.libemarseille.fr/henry/2011/10/larrêté-anti-mendicité-fait-scandale-à-marseille.html[]