Edito 260

Edito 260

Un volcan s’éveille, des êtres s’éteignent. Une éruption somme toute banale dans ce bas monde l’a mis sens dessus dessous (1). Seules les cendres volent, clouant au sol des humains rétablis dans leur rang de bipèdes. Mais dans quel sens au fait ? Un homme qui s’arrête de tourner autour de la terre bouillonnante pour la contempler marche-t-il sur la tête ? Non, bien sûr. Le mouvement perpétuel vers la croissance nous fait perdre le Nord. Un sursaut d’Eyjafjöll nous remet sur la voie. La nature est bien faite quand elle est force majeure. La nature humaine s’y confronte et y réfléchit à deux fois. Enfin, quand on lui laisse l’occasion. Le pilote polonais de Kaczynski n’a pas eu l’heur de décider si, oui ou non, il pouvait atterrir. Le boss a dit oui. Et puis non. Soyons réalistes. Dans une semaine, lorsque la pause aérienne sera derrière nous, le va-et-vient reprendra de plus belle. La seule politique de redistribution des richesses, l’impôt, restera centrée sur la protection des hauts revenus. Ne leur faites pas entendre qu’ils doivent participer plus que les autres à l’effort national. Ils sortent leur bouclier. C’est pas leur faute à eux s’ils gagnent beaucoup d’argent. Les salauds de pauvres n’ont qu’à bosser. Même si l’essentiel de leur rémunération ne provient pas de leur travail mais de leurs rentes. Même si ceux qui leur procurent ces rentes, les banques et autres hedge funds, affichent des bénéfices record en 2009, comme si la crise leur était étrangère. Les moyens des politiques publiques sont devenus anémiques et la doxa économique nous répète à l’envi qu’il faut affaiblir encore nos ambitions sociales. La sophistication de nos sociétés ne nous a pas rendus plus sages. Le rythme reste imposé et la cadence infernale. N’y aurait-t-il pas un moyen de stopper la machine ? Si elle s’enraye à cause d’un écran de fumée, ne peut-on pas trouver l’interrupteur pour mettre la tête dehors deux minutes ? Le joli mois de mai est propice aux réinventions. Aux réélections aussi. Méfions-nous, les deux chemins sont possibles. On n’est pas à l’abri du bon choix.

Victor Léo

Notes
  1. D’où le retard d’impression de ce numéro, une partie de la rédaction s’étant trouvée coincée sur le tarmac des aéroports.[]