Edito 158

Edito 158

Grenouille et Galère, Coming Up’, Le Ravi, CQFD, Zalea TV… Ces noms-là vous disent forcément quelque chose : vous avez peut-être apprécié la programmation musicale décalée des premières, l’esthétique chiadée du deuxième ou le militantisme acharné… (lire la suite)

Veni vidi…

Grenouille et Galère, Coming Up’, Le Ravi, CQFD, Zalea TV… Ces noms-là vous disent forcément quelque chose : vous avez peut-être apprécié la programmation musicale décalée des premières, l’esthétique chiadée du deuxième ou le militantisme acharné des suivants. Mais vous vous êtes sans doute arrêté là, sans mesurer la justesse de l’intitulé « Galère » ou l’ironie d’un « Ravi ». Rien que de très normal : les lecteurs d’un journal, et a fortiori les auditeurs d’une radio ou les spectateurs d’une télé, « consomment » les médias — fussent-ils indépendants — comme le reste. Au mieux, ils ont conscience du rôle primordial de la presse alternative dans la démocratie (la garantie de la pluralité d’opinion). Mais ils ne peuvent en aucun cas se douter de la complexité (économique et politique) des choses. Loin de nous l’idée de leur en tenir rigueur : avant d’en faire l’expérience, nous étions comme eux. Et puis on a vu. Et maintenant, on sait. On sait qu’au-delà des luttes éditoriales de chacun[1], créer et faire perdurer un média « libre » est une lutte en soi. On sait que rien n’est jamais acquis : tandis que les uns sont contraints de s’en remettre au CSA, la survie des autres dépend (trop) souvent du bon vouloir de leurs annonceurs. Des annonceurs qui, encouragés par une certaine presse peu scrupuleuse, n’hésitent pas à exercer cette pression publicitaire tant redoutée par ceux pour qui la déontologie a encore un sens. Vous connaissez cette rengaine : on vous l’a servie à plus d’un tour — pas plus tard qu’il y a quelques semaines dans ces mêmes colonnes ! Mais alors que les médias associatifs et indépendants s’apprêtent à faire le point sur la situation[2], il nous semblait important d’y revenir. S’ils ont montré la voie, Taktik, Le Pavé ou radio Utopie ont illustré la fragilité de cette presse qui n’a pas d’alternative que le nom. Espérons qu’ils seront les derniers à faire les frais de leur soif d’indépendance. La liberté a un prix. Celle de la presse est inestimable.

Texte : CC
Photo : Karim Grandi-Baupain

Notes

[1] Le principal rôle des médias indépendants est peut-être de relayer toutes les luttes ignorées par la presse traditionnelle

[2] Rencontres des médias associatifs et indépendants : du 5 au 8 à la Friche la Belle de Mai