Ecoutez voir…

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Qu’est-ce qui se cache sous le sigle VJ ? Méthode de cuisine asiatique ? Soin relaxant pour le corps ? Histoire d’y voir plus clair, revenons sur cet art en pleine expansion avec Denis Cartet, cinéaste et membre actif de la profession, à l’origine d’Opus VJ#2, la rencontre internationale des Vj’s qui aura lieu samedi au Cabaret Aléatoire… (lire la suite)

Qu’est-ce qui se cache sous le sigle VJ ? Méthode de cuisine asiatique ? Soin relaxant pour le corps ? Histoire d’y voir plus clair, revenons sur cet art en pleine expansion avec Denis Cartet, cinéaste et membre actif de la profession, à l’origine d’Opus VJ#2, la rencontre internationale des Vj’s qui aura lieu samedi au Cabaret Aléatoire.

Denis Cartet alias VJ Dennis Dezenn est avant tout un cinéaste. Auteur de plusieurs courts-métrages et fondateur des studios de production Digital Borax, il fait la découverte de ces mixeurs d’images en 1999, alors qu’il travaille surtout en 16mm. « A l’époque, on parlait de ciné-jamming. C’était un peu galère pour nous puisqu’on devait courir d’un projecteur à l’autre pour changer les bandes ! ». Depuis, les choses sont devenues un peu plus simples. Définition : le VJ-ing est une performance « live », au cours de laquelle on projette des images issues de différents supports sur des écrans géants, accompagnées le plus souvent par de la musique électronique. Traitées graphiquement et projetées dans un ordre non prémédité, les images produisent un résultat inédit et éphémère. Pour Denis Cartet, le VJ-ing est une notion « aussi vaste que le cinéma, en constante évolution grâce aux nouvelles technologies » et un « outil dont l’artiste se sert pour exprimer ses idées, sa sensibilité ». La puissance des ordinateurs et des logiciels de mixage donnent en effet une très grande liberté aux Vj’s, et leur permettent de mettre à jour de véritables partitions visuelles. « Quand les Dj’s ont commencé à remplacer les groupes, le public s’est trouvé en manque de visuel. Plus de chanteurs déchaînés avec qui sauter : juste un mec vissé au sol, la tête sur ses platines ! Il a fallu donner à voir aux gens » explique Denis. Cette pratique s’est surtout développée au Japon, pays du symbole, du jeu et des nouvelles technologies. Puis les Etats-Unis ont pris le relais, avant que le VJ-ing n’arrive en France dans les années 80 et 90. Définitivement novatrice, cette pratique est encore méconnue du grand public et se fait difficilement une place parmi les arts contemporains. De surcroît, ces artistes de l’instant ont l’art d’emprunter les images des autres, ce que la loi a du mal à reconnaître comme un travail : « Le VJ-ing se situe pour le moment en dehors des lois sur les droits d’auteurs et ne bénéficient donc d’aucune protection. C’est l’impulsion des artistes, comme ici à Digital Borax, qui fera avancer les choses ». Des « hors-la-loi » qui seront à l’honneur samedi soir au Cabaret Aléatoire[1] : l’Opus VJ#2 est un événement rare qui risque fort de rester dans les mémoires.

Jennifer Luby

www.digitalborax.net