Brown Eyed Boyz - portrait

Brown Eyed Boyz – portrait

Les yeux dans les bruns

Pendant que vous étiez occupés à dénicher le prochain héros électro, un Marseillais amoureux de house faisait de son label, Brown Eyed Boyz, l’une des meilleures entités françaises en la matière.

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L’une des premières fois que j’ai rencontré Romain Burle, plus connu à l’international sous le nom de Mokic, c’était pour l’écouter officier aux platines du Bar de La Marine, sur le Vieux Port. Un établissement huppé, très connu pour ses parties de cartes, mais absolument pas pour sa programmation musicale… Que faisais-je donc ici ? Pourquoi ce Dj, patron d’un label ultra buzzé — le fameux Brown Eyed Boyz — ne jouait-il pas plutôt dans des lieux plus adéquats ? Oogie l’ayant accueilli quelque temps auparavant, quid des autres ? Amusé à l’idée de danser ici, à côté de vrais clients du Bazar, je me demandai quel effet la deep-house ultra pointue et actuelle de notre homme pourrait provoquer sur ce parterre… Au bout de quelques minutes, je me rendis à l’évidence : Brown Eyed Boyz a encore de belles nuits devant lui. La sélection de haute volée de Mokic, essentiellement constituée de morceaux de son label (signés par exemple Jay Shepheard, Ooft ou Motorcitysoul, pour les connaisseurs), avait fait mouche, et même provoqué son lot de « Allez ! » insupportables. Les jours suivant, je n’eus de cesse de parcourir le Web pour en savoir plus. Sur le papier, Brown Eyed Boyz a donc de quoi faire rêver : soixante-trois maxis, uniquement digitaux, répartis sur trois années d’existence. Au sein de ce riche catalogue, on trouve plusieurs tubes deep ou néo-disco de très belle facture, plébiscités par les plus grands Dj’s du monde (Hawtin, Digweed…) et relayés sur la toile par un public fidèle. En effet, les vidéos YouTube d’un Dj réputé jouant un titre du label ne manquent pas, de même que les commentaires dithyrambiques laissés dans tous les coins du Net où le label est présent. Même Beatport, sorte de Harod’s électro et dématérialisé, ne cesse de soutenir le label, en l’incluant dans ses régulières sélections de « must have ». Pas suffisant pour une reconnaissance locale, donc, mais de quoi donner le vertige… Plus encore lorsqu’on laisse Romain Burle s’exprimer sur le succès de son épopée. Ce champion de water-polo, qui a monté Brown Eyed Boyz tout seul, confie n’avoir jamais eu l’impression de travailler (au sens routinier du terme). Il garde même une grande part de naïveté face à la réussite de son entreprise : ni les propositions du Grand Journal de Canal Plus pour exploiter l’un de ses morceaux, ni ses dates dans des clubs mythiques (Baalsaal, Cielo…) semblent changer quoi que ce soit. Brown Eyed Boyz continuera à donner au monde sa vision esthétisante et ludique de la house, et selon les dires de Romain, devrait monter encore d’un cran dans les prochains mois.

Jean-Pascal Dal Colletto

Le 5/07 à la Villa Massalia, en dj-set avec Jay Shepheard
Sortie de trois rétrospectives digitales en juin, disponibles sur la plupart des plateformes de téléchargement légales (Beatport, Itunes, Virgin…)
www.myspace.com/browneyedboyz et http://soundcloud.com/brown-eyed-boyz