Il(s) tourne(nt) en rond de Boris Labbé

Boris Labbé – L’Infini Turbulent à Aix-en-Provence

Un court sans fin

 

Chroniques — incubateur des imaginaires numériques — met en lumière, en cette fin d’année et jusqu’au début de la suivante, le magnifique travail du cinéaste-plasticien Boris Labbé, à travers un parcours visuel et sonore de haute volée, lors de l’exposition monographique L’Infini Turbulent.

 

 

Des premiers travaux du cinéma — ceux d’Eadweard Muybridge ou d’Étienne-Jules Marey — à l’avant-garde des années trente, jusqu’aux expériences visuelles et sonores de l’école new-yorkaise de la fin des années soixante, l’expérimentation sémiologique de l’image a de tous temps fait exploser les cadres du récit, pour défricher le nuancier des émotions jusqu’à leur extrême limite. Et alimenter de fait, dans un aller-retour permanent, tous les langages mêmes de l’image en mouvement. Une transversalité qui relie le cinéma aux arts plastiques dans un continuum aux potentialités insondables. Boris Labbé est l’un des cinéastes majeurs qui aujourd’hui ouvrent plus grand encore le champ de ces expérimentations. Récemment cité dans ces colonnes pour la sélection de ses films lors de la dernière édition du Festival Tous Courts, l’artiste est derechef mis à l’honneur dans la cité aixoise, à l’occasion de son exposition monographique L’Infini Turbulent, proposée par Chroniques (Seconde Nature et Zinc).

Il y a dans l’œuvre plastique et cinématographique de cet artiste hors normes une réelle virtuosité, visuelle et narrative, à distordre les masses en jeu de l’image afin de les faire évoluer dans un Grand Tout marqué par la répétition des cycles, auquel s’adjoint un travail ciselé sur la partie sonore de l’œuvre. Son adaptation de La Divine Comédie dans La Chute en est un exemple probant. L’Infini Turbulent, emprunté à l’œuvre autobiographique d’Henri Michaux, est finalement la conjonction d’une œuvre kaléidoscopique où se mêlent cinéma, installations, mapping et scénographie, et qui s’étale aujourd’hui avec majesté dans trois lieux d’Aix-en-Provence : à l’Espace culturel départemental 21, bis Mirabeau jusqu’au 20 février d’une part, avec la présentation de deux de ses films majeurs, Il(s) tourne(nt) en rond et Kyrielle, puis au Musée des Tapisseries jusqu’au 6 mars, pour un travail de (dé)construction récréative autour du travail du chorégraphe Angelin Preljocaj, enfin à l’Église de la Madeleine, sur la façade de laquelle un mapping sublime nous est proposé jusqu’au 24 décembre, dans le cadre du parcours Révélations.

 

Emmanuel Vigne

 

 

Boris Labbé – L’Infini Turbulent à Aix-en-Provence :

  • jusqu’au 20/02/2022 à l’Espace culturel départemental 21, bis Mirabeau.

  • Jusqu’au 6/03/2022 au Musée des Tapisseries

Rens. : https://chroniques.org