Borat - (USA – 1h30) de Larry Charles avec Sacha Baron Cohen, Ken Davitian, Pamela Anderson…

Borat – (USA – 1h30) de Larry Charles avec Sacha Baron Cohen, Ken Davitian, Pamela Anderson…

Un Gro Prix dans un festival d’envergure grolandaise, un scandale d’Etat au Kazakhstan, une avalanche de… (lire la suite)

Borat quitte le navire

Un Gro Prix dans un festival d’envergure grolandaise, un scandale d’Etat au Kazakhstan[1], une avalanche de procès au cul (poilu) et une campagne promo débile en charabia[2] ont assuré à Borat le statut de culte avant même sa sortie en salles. Les cinq premières minutes du film — une présentation sommaire d’un patelin kazakh où des dégénérés consanguins pratiquent « le lâcher de juifs » en buvant de « l’urine de cheval fermentée » — suffisent à justifier le buzz. Bonne nouvelle : la suite est à l’avenant. Quelque part entre le Peter Sellers de La party et Didier Super, entre Jackass et les Yes Men, Borat, héros (malgré les autres) de ce « documenteur » façon Spinal Tap à Groland (les images sont d’une laideur incommensurable), va s’ingénier pendant une heure et demie à chercher Pamela Anderson et, accessoirement, à comprendre la « grandeur » des Etats-Unis. A sa manière : (dé)culottée. Mis en confiance par ce moustachu inculte et naïf, homophobe, misogyne et antisémite, les (vrais) personnages rencontrés tout au long de ses tribulations n’hésitent pas à se livrer tels quels, se révélant aussi — parfois plus — cinglés que notre reporter d’opérette. En témoigne ce passage surréaliste où, invité à chanter l’hymne américain dans un concours de rodéo, Borat recueille les vivas de la foule en souhaitant à deubeliou d’égorger toutes les femmes et enfants d’Irak. Certes, la satire est facile, mais elle n’en demeure pas moins jouissive, d’autant que Sacha Baron Cohen[3], appuyé ici par Larry Charles (le créateur de Seinfeld), sait user de multiples ressorts comiques pour enfoncer le clou. Bourrin (cf. une scène de bagarre cul nul d’anthologie avec son gros dégueulasse de producteur), irrévérencieux (persuadé qu’ils se sont transformés en cafards pour lui piquer son fric, Borat s’échappe d’une maison d’hôtes tenue par un couple de petits vieux juifs), notre faux reporter s’autorise aussi quelques trouées absurdes (en ne se séparant pas de sa poule, en adoptant une ourse ou en s’extasiant sur l’étendue d’un ascenseur qu’il prend pour sa chambre d’hôtel). Sacha Baron Cohen ose tout, surtout le mauvais goût : cet homme est libre. Libre, donc irrésistible.

CC

Notes

[1] Les autorités n’ont semble-t-il guère apprécié la caricature, même si — et c’est Borat lui-même qui le dit — « le Ministère de l’Information a participé budget en vendant uranium à hommes au teint marron. »

[2] Cf. le sous-titre « Leçons culturelles sur l’Amérique pour profit glorieuse nation Kazakhstan »

[3] Star outre-Manche, le comique s’est fait connaître sur Channel 4 avec Da Ali G show, émission dans laquelle il campe un stupide rappeur blanc qui vit chez sa grand-mère.