Ahmad Compaoré

Ahmad Compaoré

Ahmad Compaoré : un inconnu célèbre

Festival ou pas, Musique Rebelle est en tout cas une proposition atypique, aussi plurielle et exemplaire que le parcours de son instigateur, Ahmad Compaoré.

Ahmad-Compaore.jpgMusique Rebelle, huitième édition, capte de plus en plus l’attention et dispose de davantage de moyens avec l’implantation au Cabaret Aléatoire. Grand rassembleur d’énergies, le batteur Ahmad Compaoré a placé ces rencontres (réunissant plus de cinquante artistes) sous le signe d’une peinture en couleurs. Musique Rebelle prolonge et élargit collaborations et complicités, à l’inverse des grosses machines festivalières, des métissages de surface, des fusions de pacotille. C’est son principe que d’être rebelle à la banalité et de ne pas s’endormir à l’ombre des subventions (« La vraie musique contemporaine, vivante, mutante et libre », lit-on sur le flyer : la formule n’est pas mauvaise). La manifestation s’est bâtie en trois ans, du cocon de la Boîte à Musique en passant par la Mesón, le premier grand pas vers l’extérieur, jusqu’au Cabaret Aléatoire. L’itinéraire personnel d’Ahmad Compaoré force le respect : année après année, il a tissé son univers fait de collaborations, d’amitiés surtout. Cet enfant des quartiers nord a vu d’un coup s’ouvrir l’horizon en la personne de Fred Frith, grand maître ès musiques improvisées. « Il m’a appris le silence », dit éloquemment Ahmad, qui a grandi à l’écoute du blues, du funk et du R’n’B. Le reste de son odyssée s’écrit au jour le jour avec « force et persévérance », grâce à sa capacité à s’accrocher. A Marseille, la culture a rarement rimé avec aventure, aux yeux des institutions du moins. C’est en Afrique, au Japon, en Inde qu’Ahmad a su trouver l’énergie pour rebondir. Au fil des ans, il a multiplié les collaborations, côtoyé le Gotha des musiques improvisées (Jamaaladeen Tacuma, Marc Ribot…). Il nous parle longuement de toutes les étapes de « son » Musique Rebelle, surtout de tous ceux qui l’ont aidé, de son « frère en musique », Jean-Marc Montera. Il n’oublie rien, ni personne. Il n’aime guère se mettre en avant. C’est légitimement à nous de le faire.

Armand Ménard

Le 17/04 au Cabaret Aléatoire. Rens. 04 95 04 95 04 / www.myspace.com/ahmadcompaore