Grand Théâtre de Provence © Jean-Claude Cambronne

Plateaux libres au Gymnase, Jeu de Paume et Grand Théâtre de Provence

Une scène occupation

 

Entre altruisme et intérêts communs, Dominique Bluzet, directeur du Gymnase, du Jeu de Paume et du Grand Théâtre de Provence, libère ses plateaux pour dix-neuf compagnies régionales jusqu’à la fin de l’année.

La programmation des « Théâtres », parmi les plus prolifiques de la Région est, en cette rentrée, à faire pâlir. Car elle s’avère tout simplement inexistante, la direction ayant calqué son calendrier sur celui de Marseille Provence 2013.
Des scènes esseulées qui, dans le souci d’épauler des compagnies régionales, se devaient donc d’être occupées, avec comme revers de la médaille un abandon du public certes, mais de courte durée et, surtout, pour la bonne cause.
En effet, après un appel à candidature qui a attiré un peu plus d’une vingtaine de troupes, la quasi-totalité d’entre elles profite depuis début septembre de l’opération « Plateaux libres », autrement dit des moyens et des compétences de ces structures reconnues, dont le but principal est de voir se professionnaliser des artistes prometteurs.
Un échange de bons procédés qui semble satisfaire les créateurs, les accueillants, mais aussi les interlocuteurs institutionnels. Ces derniers, davantage habitués à découvrir des créations abouties, seront ici conviés à des représentations entièrement dédiées aux « décideurs » (directeurs de théâtre et responsables culturels). Sans aucun autre enjeu que celui d’échanger, voire de conseiller, ou d’apporter un regard neuf sur le travail en cours, en amont de tout projet d’achat, subvention et programmation éventuels.
Seule la compagnie Septième Ciel, qui jouit de l’existence de ces « Plateaux Libres », sera à l’affiche de MP 2013. Les dix-huit autres seront probablement présentes sur les scènes de la région l’année prochaine, ou en 2014, mais indépendamment de l’événement capital. Il était de ce fait important pour les trois théâtres, membres actifs de la capitale culturelle, de mettre à disposition des lieux de résidence pour les non programmés afin de leur procurer une visibilité ainsi que la possibilité de pérenniser leurs activités.
Charles-Eric Petit de la compagnie l’Individu, accueilli jusqu’au 14 septembre au Théâtre du Gymnase pour son adaptation de la pièce de Shakespeare Le Songe d’une nuit d’été, souligne l’importance du dispositif : « Entamer un processus créatif dans un théâtre à l’italienne où nous bénéficions de la compétence des équipes techniques et administratives, cela nous plonge dans un cadre professionnalisant. Travailler dans une cave par exemple aurait influencé notre création d’une tout autre manière, surtout que la forêt féerique où se situe initialement l’intrigue s’est, dans notre retranscription, transformée en théâtre. » L’initiative de Dominique Bluzet procure indéniablement un confort dont nombres d’artistes ne sont pas coutumiers, ainsi que l’opportunité de tisser des liens et plus particulièrement un réseau, essentiel pour qui veut exister au sein d’un univers culturel bien trop souvent fermé, pour ne pas dire inaccessible.

Laure Quenin

Rens. www.lestheatres.net