Soirée Gabba Gabba Hey !

Soirée de clôture des Rencontres du 9e Art orchestrée par Éric Cartier et Joan : dédicaces tattoo éphémères et musique

Après avoir imité Nina Hagen, trinqué avec Bernard Lavilliers, dansé avec Arno et cramé la couverture des Young Gods, La Petite Lucie et son papa Joan débarquent chez Blow Up pour balancer des skeuds et… taguer les Ramones ! Une rencontre en forme de clôture (forcément électrique) du festival qui s’annonce comme un braquage à fleur de peau pour ses participants. Un programme plus CBGB que BCBG avec deux gros morceaux en guise de hors d’œuvres :
Stakhano Sold-Out : En un temps record, la maison d’édition alternative créée par le duo dans les années 90 a édité près de 20 recueils et plus de 80 illustrateurs comme Édith, Maëster, Kokor, Ptiluc, Qwak ou Riff Reb's… Ressuscitée pour l’occasion, la maisonnée et ses tauliers déterrent le filon de ses pépites considérées depuis longtemps comme épuisées.
Strength to endure : séance de dédicaces hors norme pour un public qui, pour une fois, est invité à donner de sa personne. En mode tattoo éphémère, un atelier de dessins en sérigraphies réalisées à même la peau et animé par les deux artistes au pinceau. L’occasion de repartir enfin avec un original… sur vous.

Blow Up Vintage Store
Le samedi 26 mai 2018 à 19h30
Entrée libre
http://www.bd-aix.com/
26 rue boulegon
13100 Aix en Provence
04 42 58 36 62

Article paru le mercredi 4 avril 2018 dans Ventilo n° 407

Les Rencontres du 9e Art à Aix-en-Provence

Planches à desseins

 

La quinzième édition des Rencontres du 9e Art d’Aix-en-Provence profite d’un changement de format et répartit, sur les deux mois que dure toujours ce rendez-vous, certaines activités qu’il concentrait autrefois sur un week-end de trois jours. L’occasion de remplir de dessins l’ensemble des cases de notre agenda.

  Avant de traiter d’un festival célébrant la bande dessinée, il convient de rappeler la multitude d’articles, publiés dans la presse nationale ces dernières années, relatant les difficultés des artistes d’une industrie pourtant florissante. En 2018, la situation n’a pas tourné à leur avantage : malgré les sirènes d’alarme fréquemment tirées, les auteurs vivent pour la plupart difficilement de leur art et sacrifient leur santé à leur passion, entre manque de repos et nécessité d’accélérer la cadence, quand ils ne se voient pas contraints de multiplier les activités professionnelles afin de joindre les deux bouts. Si leurs productions sont le fruit d’une longue gestation, ils ne touchent que le plus faible pourcentage du prix de vente (entre 5 et 10 %, selon qu’ils œuvrent seuls ou bien à deux). Qui plus est, par habitude séculaire les éditeurs ne leur versent, en amont de leur création, qu’un pécule dérisoire en regard de la somme de travail à fournir et du coût de la vie actuel. Une somme désormais souvent forfaitaire, chichement payée à la page. Leur matière première principalement exploitée par bien d’autres, et en l’absence d’un statut leur assurant une quelconque protection, les témoignages et cris du cœur des artistes se multiplient, dans les sites et revues spécialisés ainsi que dans les réseaux sociaux, au sujet d’un climat qui devient de plus en plus étouffant. Cette situation de précarité menace de fait la totalité des acteurs de la chaîne du livre, un groupe fraîchement constitué nommé Collectif Artistes Auteurs ayant récemment lancé un appel auprès du public, des éditeurs et du gouvernement dans le but de rappeler la situation globale des actifs et retraités français de cette branche((https://collectifartistesauteurs.tumblr.com/)). Si quelques titres se vendent excellemment bien, il s’agit de l’arbre qui cache la forêt, à savoir une majorité de créations qui ne rencontrent pour leur part qu’un lectorat restreint. En dépit de quelques succès qui dépassent la centaine de milliers d’exemplaires (voire le million, pour les plus privilégiés) et un volume global des ventes très élevé, il semblerait que la bande dessinée soit paradoxalement un marché de niche. Bien que touchant 15,5 % de la population française, d’après un rapport de l’Institut GfK commandé par le Syndicat national de l’édition((https://www.sne.fr/app/uploads/2017/10/GfK-SNE_SYNTHESE-BD_OCT2017-1.pdf)), tous les auteurs ne sont pas logés à la même enseigne, la diversité et le nombre important d’albums publiés ne laissant pas leur chance à chacun d’entre eux. Malgré toutes les difficultés qu’affrontent bien trop d’acteurs de l’industrie, la passion continue de les animer, comme elle anime leurs lecteurs et, dans le cas qui nous concerne, les organisateurs des Rencontres du 9e Art d’Aix-en-Provence. Cette année encore, dans la continuité des quatorze précédentes, les multiples facettes de cette expression artistique seront représentées par le travail des dessinateurs et illustrateurs. Comme énoncé en introduction, en 2018 l’événement prendra ses aises, proposant toujours des expositions au fil de sept semaines et, au lieu de concentrer son temps fort sur trois journées comme dans son ancienne formule, il nous laissera le temps de savourer ses alléchantes propositions sur l’ensemble de sa durée. Sur le papier, le contenu s’avère riche et fort stimulant. Tout d’abord, par l’expo #Original-Multiple mettant à contribution une vingtaine d’artistes autour d’un travail sur l’estampe, chacun apportant sa vision, réalisée dans la technique de son choix (lithographie, sérigraphie,...). Ensuite, pour la foultitude de propositions programmées aux quatre coins de la ville, dans des registres variés : le Suisse Helge Reumann traitera de la lutte (sociale) ; l’Allemand Atak affichera ses œuvres très colorées mélangeant Tintin et Dick Tracy ; Éric Cartier narrera le versant électrique de l’Amérique dans sa représentation graphique des Ramones ; on plongera dans la psyché... psychédélique de Max Andersson ; le duo Berberian / Dupuy conjuguera ses talents pour sa revue Impossible ; Katia Fouquet interrogera la société avec ses feutres ; Yann Kebbi rendra hommage à Cézanne ; Ismaël Méziane présentera son héros Nas, petit boxeur de son état... Le calendrier s’annonce bien rempli, et ce non seulement du programme susdit, mais aussi de rendez-vous tout autant motivants sur le papier (Canson), tels une BD-concert autour du très sensible Un océan d’amour de Lupano/Panaccione — un volume d’une justesse poétique rare dont nous vous conseillons vivement la lecture — ou quelques animations destinées à un large public : jeu de piste pour dénicher de belles cartes des sept familles tout en découvrant les richesses de la ville, coloriage géant pour les enfants… Sont également prévus des rencontres, performances, événements nocturnes ou encore un concert de clôture qu’on nous promet rock. En ces temps troubles, on ne rechignera pas à se réfugier dans ces bulles.  

Sébastien Valencia

 

Rencontres du 9e Art : du 7/04 au 27/05 au Lieu 9 (Aix-en-Provence). Rens. : 04 42 16 11 61 / www.bd-aix.com

Le programme complet des Rencontres du 9e Art ici