Vf galerie : l’art en privé

Vf galerie : l’art en privé

La Vf galerie vient d’ouvrir ses portes en face du palais Longchamp. S’il y a pléthore de lieux d’exposition dans Marseille, il manquait, depuis la disparition de Roger Pailhas, une galerie capable d’emmener…

La Vf galerie vient d’ouvrir ses portes en face du palais Longchamp. S’il y a pléthore de lieux d’exposition dans Marseille, il manquait, depuis la disparition de Roger Pailhas, une galerie capable d’emmener les œuvres dans les foires. Vf galerie a le statut de société (sarl) et peut donc vendre et représenter ses artistes sans les contraintes d’une mission de service public. Une très bonne nouvelle et un très bel espace, où se croisent des techniques multiples (peinture, sculpture, photographie, installation). Des expositions collectives avec des artistes qui ont un nom alterneront avec des expositions sur quatorze jours, où sera donnée une première chance à des travaux moins connus. Il s’agit d’un lieu où l’on circule d’un vaste rez-de-chaussée à un premier étage avec vue panoramique. De grandes baies vitrées aspirent la lumière et baignent le lieu d’une certaine douceur. La Vf galerie est un lieu ouvert avec un grand « O ». Pour cette première, deux femmes attirent l’attention : Emmanuelle Villard travaille sur la préciosité (des paillettes, le vernis d’une gomme) et la manière de recouvrir une surface. Les formes sont des archétypes : une sphère, une branche étoilée, un panneau. A partir d’éléments aisément reconnaissables, l’enduit joue avec la lumière pour recouvrir uniformément la surface, allant jusqu’à déborder le long du mur. Ce qui sort des conventions, ce sont les teintes et les motifs qui nous confrontent à des objets caressant une beauté formelle simplifiée jusqu’à l’étonnement. Chez Aïcha Hamu, le henné attrape les origines et les confond avec des images pop (des publicités pour des marques de vêtements). Ici, le temps est au centre de l’œuvre. Petit à petit, le henné se décolle et retombe en poussière dans le bas du cadre pour ne laisser que le motif de la teinte. L’art éphémère s’attrape au vol, si on l’encadre, il devient une épreuve qui nous accompagne, une surprise du petit matin au moment du café. On aime ce qui se fane, parce qu’on le vit comme une petite mort.

Karim Grandi-Baupain

Altitude de croisière, jusqu’au 19/05 à la Vf galerie (15 Bd Montricher, 1er).
Rens. 06 08 52 94 17