Un chapiteau sous les étoiles

Un chapiteau sous les étoiles

Les 13 Paniers des Carboni, c’est une histoire d’amour entre une troupe de comédiens et la commedia dell’arte, une envie d’itinérance ici et là-bas, au plus près du public, un désir de partager le théâtre. Pour un mois, le chapiteau s’est installé derrière la Major pour nous offrir pièces de théâtre, projection de films, ateliers, cabaret forum… (lire la suite)

Les 13 Paniers des Carboni, c’est une histoire d’amour entre une troupe de comédiens et la commedia dell’arte, une envie d’itinérance ici et là-bas, au plus près du public, un désir de partager le théâtre. Pour un mois, le chapiteau s’est installé derrière la Major pour nous offrir pièces de théâtre, projection de films, ateliers, cabaret forum…

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Point d’entrée : une petite roulotte rouge, en équilibre sous les guirlandes lumineuses, jaunes, rouges, vertes, quelques tables où les paroles s’enthousiasment, qui autour d’un verre, qui autour d’un plat préparé dans la taverne ambulante. Point central : l’école de la Major, où se tiendra le cabaret forum pendant la Fête du Panier, et qui accueille temporairement les loges des comédiens, une antichambre avant le grand saut : maquillage et concentration y sont les maîtres mots. Point de sortie : la scène, là, devant nous, le chapiteau aérien, sous le ciel bientôt sombre, la Posada. Un espace voulu comme un lieu mobile, un endroit où le public et les comédiens échangent rires et sourires, clins d’œil amusés et émotions de scène.
Tout est en place. Monsieur Loyal, un brin charmeur, chapeau haut de forme et canne sous le bras, dynamite l’arène : il est le chef d’orchestre du jeu dramatique. Autour de lui, cinq comédiens virevoltent, se rient de leurs facéties sous leur masque, se battent en duel, acrobates du plaisir. Ce soir, rien d’anodin, même si la farce est une force et le rire une détente : Scaramuccia l’Européen[1] représente le destin d’un de ces hommes fougueux, épris de liberté et de justice et qui entend bien défendre son idéal face au vil (et si commun) chancelier des Tours d’Agazir. Le hasard certainement, le courage assurément, font du banal clerc de notaire André Moreau un intrépide. Il défie l’autorité. En fuite, il trouve refuge dans le théâtre. Acteur, il séduit. Homme d’honneur, il n’abandonne pas, relève la tête, poursuit la lutte, jamais vraiment seul car le public est avec lui, sur scène, dans les gradins. La pièce est un acte au présent, parsemé des bruits de la rue, du vent qui bruisse dans les feuilles, animé par les appréhensions du public qui se retrouve à jouer un rôle dans un drame, qui bien qu’imaginaire, frappe à notre porte.
Depuis quelques années déjà, sous l’impulsion de Frédéric Mulh et Hervé Haggai, la troupe des Carboni a choisi l’itinérance et le théâtre en plein air comme un moteur de création, un moyen de rompre avec le ballet des salles de théâtres où il faut tout installer, jouer et disparaître comme si la représentation n’était déjà qu’un très vieux souvenir, une parenthèse. C’est aussi une voie pour que se dessine une autre forme de théâtre, où la scène est au centre, où le spectateur est à la fois au-dessus de la scène et dedans. Cette année, les Carboni s’installent à Marseille, au cœur du Panier, puisant leurs racines aussi bien dans le quartier qui a été le point de départ de leur aventure il y a treize ans déjà, que dans les horizons lointains et le monde du théâtre itinérant, notamment avec le carrefour des Convergences[2]. La Posada est aussi bien un lieu d’échange et de réflexion sur le théâtre (amateur ou professionnel) avec cette spécificité de l’itinérance, qu’un lieu où l’on se réjouit devant les multiples formes que peut prendre le théâtre, depuis la commedia dell’arte jusqu’aux formes plus improvisées comme le slam. Il n’y a plus que la pluie, si rare à Marseille, qui pourrait vous empêcher de dégoter un programme et d’y fondre vos pas[3].

Texte : Diane M.

Photo : Maison Jean Vilar Avignon

Jusqu’au 19/06 à la Posada du Panier (place du séminaire, 2e). Rens. 04 91 90 33 52 / www.lescarboni.com

Notes

[1] Du 1er au 4 juin à 21h

[2] Du 14 au 17/06, en partenariat avec le CITI (Centre international pour le théâtre itinérant)

[3] Retrouvez aussi la programmation jour par jour dans l’Agenda (P. 10-12)