Photo de la série Disjunction de Christos Chryssoupolos

Le Temps Fort Après la Crise ? au MuCEM

Penser les plaies

 

La cité phocéenne accueille un « voyage au cœur de la crise grecque » dans un train de débats, projections et expositions.

 

Au sein de l’Europe, la démarcation budgétaire entre les fourmis du Nord donneuses de leçons et les cigales du Sud qui doivent les suivre semble s’être creusée avec la crise grecque. Cette rupture économique et géopolitique se double d’une coupure historique puisqu’il y aura nécessairement un avant et un après crise. C’est à ce thème que s’attèlent les dix travaux du MuCEM dans un temps fort concentré en cinq journées.
L’anthropologue Panagiotis Grigoriou, dont le blog www.greekcrisis.fr a grandement inspiré l’événement, profitera d’ailleurs de l’occasion pour nous narrer sa chronologie de la crise en images. Avec des articles courts, quasi journaliers, il y dénonce la situation grecque de l’intérieur en maniant le verbe poétique et humoristique.
MuCEM oblige, l’art sera forcément de la partie. D’abord via l’exposition History Zero de Stefanos Tsivopoulos, qui mêle film et documents d’archives pour explorer les connexions entre argent et relations humaines. Ensuite avec Christos Chryssoupolos qui, à travers l’installation photographique Disjunction, met « en images et en textes les fractures profondes de sa ville, Athènes ».
Le reste de la manifestation pluridisciplinaire oscillera entre tables rondes, chroniques et projections pour débattre, notamment, des signes avant-coureurs de la crise, du sentiment de dépossession généralisée et de ses conséquences aussi antagonistes que la montée de l’extrême droite et l’émergence de nouvelles pratiques solidaires.
L’espoir est donc permis pour ce peuple qui a tant souffert et qui partage une histoire commune avec nous.

Guillaume Arias

 

Le Temps Fort Après la Crise ? : du 19 au 23/11 au MuCEM (Esplanade du J4, 2e).
Rens. : www.mucem.org

 


Docteur Guillaume vous explique la crise grecque

 

La crise grecque fait référence aux graves difficultés économiques subies par le pays en 2009 en liaison avec un problème d’endettement excessif de l’Etat.

 

Si la révélation à l’automne 2009 d’un déficit et d’une dette publics bien plus importants que prévus (car masqués par les dirigeants précédents) a constitué la face émergée de la crise, nombre d’autres problèmes ont conduit à cette faillite : un manque de compétitivité des entreprises helléniques, un poids croissant et excessif de l’économie informelle (liée à des activités non déclarées frauduleuses a minima) et l’inefficacité doublée d’une corruption de certaines élites au pouvoir. La bonne santé économique grecque dans la décennie précédente n’était donc qu’un arbre de vertu cachant une forêt de vices.
La suite des évènements s’apparente à un drame sans fin : une augmentation du risque de non remboursement de la dette selon les agences de notation (qui font la pluie et le beau temps chez les investisseurs), des moutons spéculateurs, une aide financière internationale tardive et insuffisante en échange d’une cure d’austérité budgétaire drastique, un manque de coordination et de crédibilité des gouvernements européens sur les mécanismes de résolution, et une contagion économiquement injustifiée à l’Italie, l’Espagne, le Portugal et l’Irlande.
Les répercussions locales sont variées mais toutes dramatiques : chute de production industrielle, escalade du chômage et des taux d’intérêt, baisse des salaires mais aussi dégradation de la situation sanitaire et vague de suicides sans précédent. Nous sommes donc encore loin d’un après-crise…

GA

 

La programmation jour par jour du temps fort Après la crise ici