Tapage Nocturne - Rhythm & Sound + New Flesh

Tapage Nocturne – Rhythm & Sound + New Flesh

Ne pas chercher une quelconque corrélation artistique entre les forces en présence : il n’y en a pas. Certes, mais on s’en fout un peu : quand le plateau défendu est d’une telle qualité, pointer les innombrables différences – de style, d’origines… – qui le constituent est secondaire. Car tout oppose Rhythm & Sound de New Flesh… (lire la suite)

Ne pas chercher une quelconque corrélation artistique entre les forces en présence : il n’y en a pas. Certes, mais on s’en fout un peu : quand le plateau défendu est d’une telle qualité, pointer les innombrables différences – de style, d’origines… – qui le constituent est secondaire. Car tout oppose Rhythm & Sound de New Flesh, si ce n’est la certitude d’avoir affaire à deux entités fortes. A tous seigneurs, tout honneur : commençons donc par ceux qui auront celui d’entamer les hostilités, à savoir messieurs Mark Ernestus et Moritz Von Oswald (alias Maurizio). Sous l’entité Rhythm & Sound, qui désigne à la fois leur travail de producteurs et l’une des divisions de leur label initial (Basic Channel), les deux Berlinois ont révolutionné, dans les années 90, la façon de concevoir le dub, tout en restant extrêmement fidèles à ses préceptes (épure, écho, et caetera). Leur fascinant travail sur la matière sonore, à la fois dense et réduite à son plus simple appareil, reste en effet un modèle au sein de la scène techno, à laquelle ils appartiennent depuis leurs débuts. Ce qui expliquera sans doute cette volonté tenace de rester dans l’anonymat, comme avant eux Underground Resistance, et mettra en lumière les ponts qui peuvent relier Kingston à Detroit : même technique de copier-coller, même décharnement instrumental, même pulsation sourde et hypnotique. Sans parler de leur influence sur la techno dite « minimale » : toute production étiquetée Basic Channel (et ses divisions Chain Reaction, Burial Mix, Rhythm & Sound) préfigurait bien avant l’heure l’actuel engouement autour de la chose… Bookés il y a deux ans lors du festival Territoires Electroniques à Aix, les deux hommes, épaulés par leur fidèle toaster dominicain Paul St-Hilaire (alias Tikiman), donneront une prestation à mi-chemin entre live et mix (à base de 45-tours vintage et d’effets). Formule hybride que devrait ensuite reconduire New Flesh, l’un des trios anglais qui monte au sein de la scène « grime ». Kézako ? Pour faire court (et surtout parce qu’on maîtrise peu le sujet), celle-ci est une sorte d’équivalent typiquement britannique des courants booty bass/ghetto-tech américains (ou comment noyer le poisson…), à savoir un croisement génétiquement modifié entre hip-hop, dancehall et zébrures digitales : pour remuer son séant, c’est imparable. En Angleterre, le mouvement emmené par Dizzee Rascal, sur les cendres du 2-step et du UK-garage, est une lame de fond dont les origines sont à situer du côté du label Rephlex (Aphex Twin). Tout cela reste un peu abscons ? Pour le dictionnaire, rendez-vous à la Friche.

PLX

Le 24 au Cabaret Aléatoire, 22h. Rens. 04 95 04 95 04
www.basicchannel.com et www.bigdada.com