Ils sont de plus en plus nombreux à partager l’affiche sur les flyers des soirées. Et il n’est plus un festival d’envergure qui ne leur accorde une large place dans sa programmation. Dans le milieu de la nuit, et plus particulièrement des musiques électroniques, ils se sont imposés naturellement : parce qu’il n’y avait rien à voir (mais là n’a jamais été le but d’une soirée en club), et aussi parce qu’il était inévitable que l’image, à son tour, soit l’objet de manipulations en tous genres. Les Vj’s (vidéo-jockeys) : une nouvelle race d’entertainers ? Pour l’heure, et du fait qu’ils n’aient pas encore investi la sphère du star-system, on parlera plutôt d’électrons libres au service de l’image – et des relations étroites que celle-ci peut entretenir avec la musique. L’association Digital Borax, qui œuvre à la Friche dans le champ de la création cinématographique et numérique, est l’une des rares à proposer en France un événement qui soit entièrement consacré à cette culture émergente. Le traitement de l’image en direct, par la réalisation de « films en temps réel », est devenu au fil des ans sa principale raison d’être, car elle correspond à une demande à l’international qui avance au rythme des nouvelles technologies : plus ça innove, et plus les possibilités de croisement entre les différentes disciplines artistiques explosent. D’où l’importance d’Opus Vj, qui reconduit cette année peu ou prou la mécanique des deux éditions précédentes : une soirée « club » où les Vj’s, enfin, voient leur travail reconnu à sa juste valeur (une dizaine d’écrans géants, des installations), avec en préambule une nécessaire table ronde autour des enjeux de la création numérique, dont celui qui entoure la question des droits d’auteur (en direct et en public avec l’équipe de Radio Grenouille). Côté musique, après Dj Morpheus et Siskid, c’est aujourd’hui Jack de Marseille qui se chargera de fédérer, en tant que tête d’affiche, ceux qu’une telle proposition pourrait laisser de marbre : il est toujours judicieux de croiser les publics, dans un sens comme dans l’autre… Mais la grande nouveauté de cette édition, c’est son ouverture, dès la fin de l’après-midi et en entrée libre, à des performances et autres projections de créations originales, toujours orientées sur la pratique du « temps réel ». On se souvient que l’an dernier, Denis Cartet (Digital Borax) et deux autres Vj’s avaient revisité intégralement THX 1138, le premier long-métrage de George Lucas. Samedi prochain, on pourra voir à l’œuvre le collectif franco-belge V-Atak, regroupement hybride de vidéastes et de musiciens réputés sans concessions (ils sont aussi la veille à l’Embob’…), ou encore les « films sans héros » de Vj Anyone, l’un des pontes du genre (imaginez les Rocky et Taxi Driver amputés de leurs personnages principaux et ramassés sur un format court…). Bref : une vraie proposition, et l’une des dernières avant les fêtes.