Peritel © Pascal Peuch

Sur les pavés le rock | Analogique ta mère !

Certains, en matière de musique, cherchent la perfection. Pas nous. On aime bien les tordus, les dissonances, les pains, les larsens, les baguettes qui s’égarent… Et donc Péritel.

 

 

« I’m only happy when it rains », chantait Garbage. Ici, on ne manque guère de musiciens surdoués, mais ce que l’on apprécie plus que la virtuosité, c’est son inverse. Non, pas la médiocrité. Mais tout ce qui rappelle que la musique, c’est quelque chose qui se cherche, se plante, hésite, se fabrique. En « live ».

On n’a pas le sadisme (ou la disponibilité) de ce pote hilare qui était allé voir un groupe juste pour vérifier qu’un batteur dont on lui avait dit qu’il était incapable de respecter le moindre rythme méritait bien sa réputation. Et on fuit autant que possible tout ce qui nous donne des boutons. Mais on n’aime rien tant que les larsens, les pains, les cordes qui cassent. Comme celle d’Héloïse, guitariste du trio noise Toru, juste avant leur concert aux 9 Salopards. Une corde dont elle finira par se passer, tandis que Chloé aura été chercher, au cas où, sa guitare pour la lui prêter.

Ancienne de la Salle Gueule et pilier de la maison d’édition Même Pas Mal, Chloé est une figure incontournable de la scène marseillaise dont on apprécie la formation, où elle a troqué la basse qu’elle avait dans la compagnie Kta pour une batterie : Péritel. Ça tape dru mais ça chante haut, la voix de sa comparse Izzy nous faisant penser au duo toulousain Petit Bureau avec, au-delà de la basse et de la batterie, des claviers et des paroles qui aiment bien les chemins de traverse et les détours.

Passée par l’Embobineuse, la Maison Hantée, leur musique est à l’image de l’objet dont le groupe a pris le nom. Une péritel, souvenez-vous, c’est ce qui reliait le magnétoscope à la télé, un vieux câble aussi mastoc que fragile pour peu qu’il soit mal enfoncé ou un peu abîmé. De quoi donner parfois au visionnage d’une VHS un petit côté surréaliste. Et en concert, Péritel, aussi frais que gentiment bordélique, c’est exactement ça : boucle qui refuse de se lancer, baguette qui s’égare, micro qui se fait la malle… Le tout avec une énergie folle, un plaisir partagé et le sourire jusqu’aux oreilles. Car ce qui compte — avec le public comme entre les musiciens — c’est la connexion, quand bien même serait-elle imparfaite !

 

Sébastien Boistel

 

Péritel sur bandcamp : ​https://peritel.bandcamp.com/album/demo