Dick Rivers

South Vintage Festival

L’Interview
Dick Rivers

 

On vous voit arriver : mais quelle mouche a donc piqué Ventilo ? À l’instar de Ze Bourgeoiz, qui reprend les rênes de la quatrième édition du South Vintage Festival, on s’est laissé prendre au jeu du saut arrière dans l’espace-temps. Robes à fleurs, santiags et épis de blé seront au cœur de ce week-end décontracté, mettant en scène un intrépide meltin’pot rock’n’roll à l’acoustique rétro et aux allures d’American Dream (The Legendary Tigerman, Cowboys From Outterspace, Rodéo Spaghetti … ). L’occasion de poser quelques questions au plus américain des rockeurs français, pionner du genre en France depuis 1961 !

 

Le rock, c’était mieux avant ?
Quand ça a été créé, c’était bien différent d’aujourd’hui. Bien que de nos jours, il y en a qui le font très bien ! Alors non, sauf pour ce qui est très bon et irremplaçable. Je peux rester scotché à des trucs du passé comme Elvis Presley, Little Richard, etc. C’est une source d’inspiration pour tout le monde, la nouvelle comme l’ancienne génération.

Pour résumer, je ne suis ni nostalgique, ni passéiste. Ce que j’ai vécu, j’en suis très fier et heureux parce que ça représente des années formidables, notamment dans l’évolution de la créativité musicale. Je garde quand même les oreilles ouvertes à tout ce qui se fait aujourd’hui. Ce qui m’intéresse, c’est aujourd’hui et demain. Je ne crache pas du tout sur ce que j’ai fait, au contraire, je suis ravi de m’appeler Dick Rivers et d’avoir vécu tout ce que j’ai vécu, d’avoir rencontré tous les gens que j’ai rencontrés : Piaf, Presley, les Beatles, les Rolling Stones… Le rock, je suis tombé dedans quand j’étais petit !

 

Cet hiver est sorti 5/5 (Warner Music), un triple best of de cinquante-cinq chansons pour fêter vos cinquante-cinq ans de carrière… Est-ce que vous éprouvez toujours le même plaisir à jouer le rock 60’s de vos débuts ?
Oui, parce qu’on le modernise. On ne le joue plus de la même façon. Les chansons sont bonnes, mais on les réactualise. Quand j ai commencé, j’avais quinze ans. C’était en 1961. Il est évident que mes goûts musicaux et ma façon de chanter ont changé.

 

Vous arborez depuis toujours un style vestimentaire très identifiable, orienté culture country et Tennessee. Quelle place tient ce look rétro dans votre univers rock’n’roll ?
Je reste moi-même. Mon style n’est pas forcement travaillé. Il est très difficile de parler de soi-même… On est toujours branché pour quelqu’un, débranché pour un autre. Certains me comparent plus à Johnny Cash qu’à Elvis et d’autres diront que Dick, c’est très influencé par Presley. Ce qui est vrai ! Mais bon, le temps passe et on évolue. Ce que je sais, c’est que j’essaie de ressembler à ce que j’aime en essayant de plaire aux gens.

 

Vous êtes actuellement à Montréal pour répéter la tournée de concerts estivale qui démarre cette semaine en France. À quoi le public doit-il se préparer ?
Du rock, beaucoup de rock ! Modernisé. Comme un tour de chant. Ce qui est nouveau pour moi. En plus, les musiciens sont formidables. C’est la première fois qu’ils viennent en France. J’espère que le public va les aimer.

 

Vous avez souvent travaillé avec la nouvelle garde des rockeurs français, qu’est-ce que ça représente pour vous?
C’est eux qui m’aiment ! (rires) Ils me proposent des projets, ça me fait plaisir. Ça me donne un sang neuf !

 

Pour ne citer qu’un exemple (parmi Mickey 3D, Joseph d’Anvers, M et bien d’autres), le plus récent, il y a Julien Doré, avec qui vous reprenez en duo Africa de Rose Laurens. Pensez-vous que son désir de collaborer avec vous vient de votre côté vintage ? Pourquoi avoir accepté ?
Non, non, il m’a sollicité parce qu’il aime ma voix ! Il a toujours aimé ma voix et mes chansons. Moi, je l’aime bien, j’aime bien ce qu’il fait. Il m’a appelé pour me dire « Qu’est ce que t’en penses, on se fait Taratata ensemble et après on irait l’enregistrer ? » J’ai répondu ok, pas de problème. L’idée était bonne, j’y suis allé. Mais s’il m’avait proposé un truc nul, j’aurais dit non, hein.

Mes goûts sont très larges. Ça va de Pavarotti à Pearl Jam en passant par Francis Cabrel, Julien Doré… Je ne suis pas un raciste de la sphère musicale. Il y a des choses que je ne comprends pas, qui ne m’intéressent pas, comme la techno par exemple. Mais pour tout le reste, je suis ouvert.

 

Comment se passe le processus de création ?
Je ne suis qu’un interprète. Ce sont des gens qui ont des idées, qui me les présentent et si ça me plait, on le fait. J’ai la chance de pouvoir m’entourer de ce qui me semble être le mieux pour moi. J’ai travaillé avec Gérard Manset et Alain Bashung pendant des années. On était comme des frères. Tout repose donc sur des rencontres qui me perpétuent dans le temps, en fonction du bon vouloir de ces gens-là. Je compte pleins de belles collaborations : Matthieu Chedid, Mathieu Boogaerts, Joseph d’Anvers, Julien Doré… Je suis un vampire musical à la recherche de sang neuf. Je suis touché et honoré que ces personnes là m’aiment et pensent à moi, donc je suis ravi de travailler avec eux.

 

Vous avez fait partie des précurseurs du rock français. Quel regard portez-vous sur les nouvelles générations de rockeurs comme La Femme, Aline ou encore BB Brunes ?
BB Brunes, ça été comme mes filleuls. Récemment, il y a un groupe de Bordeaux que j’adore qui s’appelle Kashmir. C’est vraiment très bien. Je les ai aidés au maximum.

 

Qu’est-ce que vous écoutez en ce moment ?
J’aime bien Phoenix et aussi Shaka Ponk. Mais est-ce qu’on peut appeler ça du rock ? J’en sais rien…

 

Pardon, j’ai perdu le fil en imaginant votre vie passionnante…
Oui, c’est vrai. Je suis une légende ! (rires) 

 

Propos recueillis par Amandine El Allaui

 

South Vintage Festival : les 19 & 20/05 à Trets.
Rens. : 09 87 32 35 37 / www.southvintagefestival.com / www.Zebourgeoiz.com

Pour en (sa)voir plus : www.dick-rivers.com

Le programme complet du South Vintage Festival ici