Khaled Abdulwahed, Estefania Peńafiel Loaiza & Sami Trabelsi - Mnémosyne

Photos. Dans le cadre du Grand Arles Express

L’exposition Mnémosyne explore, au travers de trois oeuvres de la collection du Frac, le rapport de la photographie au temps et le pouvoir d’évocation des images. Comment représenter les flux temporels et les circonvolutions de la mémoire ?

Les artistes Khaled Abdulwahed, Estefania Peñafiel Loaiza et Sami Trabelsi, par un traitement singulier de l’image en mouvement et des dispositifs de monstration choisis, nous livrent des portraits de personnes ou de lieux porteurs d’histoires contemporaines. Par leur mise en scène, un processus de déconstruction-reconstruction ou la dilatation du temps de la représentation, l’image se charge littéralement du vécu des personnes, de l’esprit des lieux et demeure la seule trace mémorielle capable de convoquer un état d’être disparu.

Estefania Peñafiel Loaiza fait revivre la mémoire du centre de rétention administrative de Vincennes et de la révolte des « retenus » en 2008 suite au décès d’un des leurs. A un long travelling montrant les murs du centre, elle ajoute les images de ses mains manipulant les clichés d’évènements anciens comme l’exposition coloniale de 1931 et d’usages postérieurs du lieu auquel elle confère une aura fantomatique par un montage savant superposant négatifs et positifs des images.

Khaled Abdulwahed choisit un champ de cactus, lieu familier du paysage syrien, dévasté par la guerre et dont il ne reste que la copie de la photo originale prise par lui en 1998. Par un travail de métamorphoses successives de l’image, il ressuscite le lieu disparu en l’opposant à des images de guerre et de destruction. L’éloignement dans le temps est redoublé par un éloignement spatial. On voit le film projeté sur le mur d’un appartement dans une arrière -cour de Berlin.

Sami Trabelsi incorpore les variations de la durée dans son art du portrait en décomposant des expressions du visage de ses modèles par des effets de ralenti. Grâce à une caméra vidéo rapide pouvant enregistrer plusieurs milliers d’images par seconde, il rend visibles des expressions en train de se former, puis de se défaire. Il capte les métamorphoses infimes d’un visage (rictus, battement de paupières). Articulant les propriétés de la photographie et de la vidéo, il compose des portraits en mouvement en étirant indéfiniment la durée de la représentation.


FRAC Sud - Cité de l'art contemporain
Jusqu'au 24/09. Mer-sam 12h-19h + dim 14h-18h
2,50/5 € (gratuit le dimanche)
http://www.fracsud.org/
20 boulevard de Dunkerque
13002 Marseille
04 91 91 27 55

Article paru le jeudi 29 juin 2023 dans Ventilo n° 485

Les “reco” expos de l’été

À Marseille

 

Mnémosyne de Khaled Abdulwahed, Estefania Peńafiel Loaiza & Samo Trabelsi

Où et quand ? Du 1/07 au 24/09 au Frac Sud – Cité de l’art contemporain (2e) Pourquoi on y va ? Parce que les trois artistes y vont avec des pratiques photographiques qui ont réussi à capturer des mémoires et des durées (infimes, longues ou disparues), ce qui donne à l’expo une aura plutôt surnaturelle. Il y est question de fantômes, de résurrections et de presque invisible… pour frissonner un peu cet été.

Rens. : www.fracsud.org

Plus d’infos : www.journalventilo.fr/sortie/121727

   

La Friche de l’Escalette

Où et quand ? Du 1/07 au 31/08 et les week-ends de septembre à la Friche de l’Escalette (8e) Pourquoi on y va ? Pour la balade dans un ancien site industriel méconnu, route des Goudes, où on usinait du plomb. Devenu « parc de sculpture et d’architecture », l’urbex reste gratuite mais passe encadrée par des étudiant·es en architecture, pour concilier esprit rando sous le soleil (toujours de plomb, lui), et ambiance arty, avec toutes ces sculptures qui se fondent presque dans le paysage.

Rens. : friche-escalette.com

Plus d’infos : www.journalventilo.fr/sortie/121776

 

Le Grand Salon

Où et quand ? Jusqu’au 23/07 au Studio Fotokino (1er) Pourquoi on y va ?Car c’est le petit-lait de la scène locale des arts graphiques qui est exposé dans ce petit local lumineux. Enrichi d’une boutique, il est aussi possible de se parer de lectures d’été, souvenirs ou cartes postales en éditions limitées. Et puis, c’est vraiment pas loin de la gare, pour vos arrivées ou départs.

Rens. : www.fotokino.org

Plus d’infos : www.journalventilo.fr/sortie/121444

 

Le Musée subaquatique de Marseille

Où et quand ? Jusqu’à ce que l’eau soit trop froide pour la baignade, à cent mètres de la Plage des Catalans (7e) Pourquoi on y va ? Pour s’éloigner de la plage bondée, tester son apnée et voir de l’art ébahir aussi les poissons, qui pourraient bien habiter les dix sculptures des dix artistes posées à cinq mètres de profondeur. Pas de panique, le matériau est bien sûr écolo, c’est l’idée d’une asso attachée à la biodiversité.

Rens. : www.musee-subaquatique.com

Plus d’infos : www.journalventilo.fr/sortie/121851

 

What Cities Dream Of de Victor Siret

Où et quand ? Jusqu’au 8/07 à Rupture & Imbernon (à la Cité Radieuse, 8e) Pourquoi on y va ? Les broderies de Victor Siret sont loin de la tradition et en plein dans le pop. Ses points rappellent des pixels, et ses sujets prennent pour références l’humour (tout relatif) et l’ironie des séries télé d’animation américaines. Puis c’est l’occasion de (ré)expérimenter les lignes de la « Maison du fada ».

Rens. : www.editionsimbernon.com

Plus d’infos : www.journalventilo.fr/sortie/121798

 

The Holy Seriousness of Play de Paulien Oltheten

Où et quand ? Du 1/07 au 9/09 au Centre Photographique Marseille (2e) Pourquoi on y va ? Parce que les photos et vidéos de Paulien arrosent les rituels religieux d’une douce dose d’espièglerie joueuse, avec notamment sa dernière œuvre, Lourdes TV. Avec cette expo « satellite » du Grand Arles Express, le Centre Photo propose un pèlerinage d’une accessibilité certaine via un saint objectif.

Rens. : www.centrephotomarseille.fr

Plus d’infos : www.journalventilo.fr/sortie/121821

 

Baya. Une héroïne algérienne de l’art moderne

Où et quand ? Jusqu’au 24/09 au Centre de la Vieille Charité (2e) Pourquoi on y va ? S’il faut une occasion d’aller promener dans le Panier cet été, c’en est une. Le Centre mêle architecture du XVIIe siècle (de base, commandée pour « enfermer les gueux ») avec l’avant-garde moderne. L’atmosphère est radieuse, puisque chez Baya « tout nous rappelle la danse, la musique, l’art : autant de domaines célébrant la vie. »

Rens. : vieille-charite-marseille.com Lire l’article complet ici

     

Et plus loin :

 

Chimères

Où et quand ? Du 30/06 au 18/11 à la Fondation Blachère (Bonnieux, 84) Pourquoi on y va ? On plane en plein imaginaire avec les créatures réalisées par une belle vingtaine d’artistes. La Fondation s’installe tout juste dans la gare de ce petit village (perché lui aussi), en faisant une correspondance vers des contrées plus lointaines, vers les contes et légendes que viennent charrier là ces arts contemporains d’Afrique et de sa diaspora.

Rens. : www.fondationblachere.org

Plus d’infos : www.journalventilo.fr/sortie/121850

 

Seconde nature, pour un design durable

Où et quand ? Jusqu’au 5/11 à l’Hôtel des Arts de Toulon (83) Pourquoi on y va ?Point de concentration dynamique des arts et du design contemporain, il y a toujours plein de choses à voir à Toulon. Initiée par la Design Parade, cette expo vient présenter cent-cinquante innovations des ingénieux cerveaux pour commencer à opérer la transition si attendue.

Rens. : hda-tpm.fr

Plus d’infos : www.journalventilo.fr/sortie/121756

 

Grow Up

Où et quand ? Du 3/07 au 24/09 à la Fondation Manuel Rivera-Ortiz (Arles, 13) Pourquoi on y va ? Pour découvrir certaines faces méconnues des plantes, celles d’Amazonie, du Costa Rica ou encore de Taïwan. Si la luxuriance des jungles a toujours été un point de fascination, l’expo saura répondre en parlant de relations, de mouvements, d’environnement, de politiques sociales et post-coloniales, mais aussi de chamanisme et d’effets psychédéliques.

Rens. : mrofoundation.org

Plus d’infos : www.journalventilo.fr/agenda/expositions/121823/grow-up

 

Les Nuits Photographiques de Pierrevert

Où et quand ? Du 27 au 30/07 dans cette commune à côté de Manosque (04) Pourquoi on y va ? Ce petit festival de photo projette ses sélections sur un écran en plein air et pleine nuit, ce qui en fait une expérience bien fraîche, tranquille et immersive. En plus d’un petit off qui encercle ses environs, cette quinzième édition invite la photographe, réalisatrice et mannequin Sarah Moon, au nom si pertinent pour l’occasion !

Rens. : pierrevertnuitsphotographiques.com

Plus d’infos : www.journalventilo.fr/agenda/evenements/39045/les-nuits-photographiques-de-pierrevert