RIAM : Lorsque les couleurs et les sons se répondent…

RIAM : Lorsque les couleurs et les sons se répondent…

Tentaculaires au niveau géographique, les Rencontres des Arts Multimédia se proposent aussi de faire le pont entre les différentes disciplines qui constituent l’art contemporain… (lire la suite)

Tentaculaires au niveau géographique, les Rencontres des Arts Multimédia se proposent aussi de faire le pont entre les différentes disciplines qui constituent l’art contemporain.

Peu avant l’ouverture de la FIAC il y a un mois, le ministre de la culture présentait son « plan d’action et de développement en faveur de l’art contemporain ». De celui-ci, il vantait avec force l’« extraordinaire variété d’expressions plastiques et de disciplines artistiques, de la sculpture au design, des métiers d’art aux nouveaux médias, de la photographie au graphisme, sans oublier le paysage, la lumière, la vidéo. » Au bout du compte, nivellement complet et mélange informe, dans lequel seuls les initiés parviennent peut-être à distinguer quelque chose.
Consciente de ce problème, l’équipe de Circuit Court voudrait faire de ces troisièmes RIAM « un espace de discussion sur les passages, les traductions et les transferts entre les genres ». Ne pas se cantonner à une pure défense et illustration des arts numériques, et ouvrir le dialogue avec d’autres genres et d’autres disciplines. Dialogue donc, et non pas brouhaha. A la galerie SMP, Benoît Broisat combine ainsi, dans une installation vidéo, dessin et outil numérique. L’artiste insiste sur le caractère souple et inachevé du dessin, tout en le recyclant et en détournant ses sous-genres (dessin animé, tag, jeu vidéo ou dessin de presse). Bertrand Lamarche, lui, est fasciné par le seuil, l’ouverture sur l’infini et les ensembles urbains. A la galerie Buy-Self Art Club, l’installation vidéo Le Terrain Ombelliférique propose une déambulation dans un jardin virtuel planté de berces du Caucase. Ces ombellifères géantes, dont le contact entraîne des brûlures, dessinent une structure luminescente aux contours fantomatiques. Cette architecture de plantes toxiques fonctionne alors comme une radiographie de l’idée de nature. Aux Danaïdes, les Souvenirs from the Earth de Marcus Kreiss explorent les possibles de l’image vidéo libérée du son et de la narration dans des « peintures-vidéos », tableaux en mouvement à voir plutôt qu’à regarder.
Image et son : c’est sur cette interaction fondamentale que les RIAM se sont plus particulièrement focalisées cette année. Comment en effet donner à voir le son ? Quelles images projetons-nous mentalement sur les sons que nous entendons ? Pierre Belouin a pris le parti de faire traduire ses photographies de voyages en sons et textes conçus par d’autres artistes. Awan-Siguawini-Spemki, c’est huit photographies de paysage. Sur chaque lieu photographié, l’artiste a prélevé des « paysages sonores », qui ont constitué la matière de l’interprétation audio réalisée ensuite par des plasticiens sonores. Le 30/11 à Montévideo, la séance d’écoute de l’œuvre nous permettra de pénétrer dans une parfaite synesthésie sonore et visuelle. Quant à la CIA (Cellule d’Intervention d’APO33, groupe de création sonore), elle investira Marseille pendant une semaine (du 4 au 15/12), en partenariat avec le ZINC/ECM de la Friche, pour un workshop, Le Poulpe. Tentaculaire comme son nom l’indique, le Poulpe s’installe dans les lieux de vie, exprimant par le son les flux qui les traversent et les constituent. Les tentacules installés à différents points de la ville captent et restituent, les sons étant ensuite diffusés de manière aléatoire sur l’antenne de Radio Grenouille. Enfin c’est à L’Embobineuse que la soirée Return of Mash Up aura lieu cette année, où des activistes de la scène breakcore/mash up mixeront à une vitesse vertigineuse hip-hop et musique classique, folk et noise, disco et death metal. De quoi se faire son idée sur les arts contemporains…

Mélanie Rémond

Du 28/11 au 9/12 dans divers lieux (voir programmation détaillée en p. 5).
Rens. 04 91 62 46 30 / www.riam.info