Rentrée Sur les planches

Rentrée Sur les planches

Festivals à foison, anniversaires en pagaille, événements d’envergure et soutien à la scène locale : en cette rentrée, les planches marseillaises revêtent leurs habits de fête…

Planches de salut

Festivals à foison, anniversaires en pagaille, événements d’envergure et soutien à la scène locale : en cette rentrée, les planches marseillaises revêtent leurs habits de fête.

Massalia, Lenche, Gyptis, Marseille Objectif Danse, Dansem… On ne compte plus les anniversaires que s’apprêtent à célébrer les structures marseillaises cette saison. C’est pourtant vers un théâtre qui n’a rien de particulier à fêter que se tourneront tous les regards ces jours-ci, puisque la Criée se paie une fracassante entrée en matière, avec la venue de la fameuse Schaubühne de Thomas Ostermeier pour son adaptation dépouillée du Hedda Gabler d’Henrik Ibsen et la création de Gens de Séoul 1919 d’Oriza Hirata par Franch Dimech dans le cadre d’actOral. Par la suite — et avant de fermer ses portes pour faire peau neuve dès avril 2008 —, le théâtre national proposera une saison courte mais dense, faisant l’équilibre entre classique et contemporain, création locale (Renaud Marie Leblanc) et artistes de renommée internationale (Ezéquiel Garcia-Romeu).
En travaux également, le Théâtre de Lenche fêtera ses trente ans dans les deux autres espaces que son équipe anime dans le Panier : la Friche et le Mini-Théâtre, nouvel espace dévolu aux spectacles plus intimes. En résidence permanente, la compagnie l’Egrégore se taillera la part du lion de ce début de saison avec deux créations poursuivant ses recherches autour de Tchékhov et une adaptation pour théâtre de papier du truculent Ubu Roi d’Alfred Jarry.
Comme toujours, la saison du Massalia — qui célèbre son vingtième anniversaire — s’annonce également riche en propositions éclectiques, accueillant aussi bien les constructions poétiques du Théâtre de Galafronie à l’intérieur d’une yourte mongole qu’une adaptation aérienne du Moby Dick d’Herman Melville par la compagnie Cahin Caha. En décembre, le cirque s’y fera la part belle avec la nouvelle création de la compagnie Attention Fragile, Fournaise, puis le huis clos burlesque du collectif Chéridamour, Chair exquis.
Fêtant également ses vingt printemps, le Gyptis reprendra les créations « maison » de la saison dernière, Le médecin malgré lui et Ruy Blas, deux classiques dont les mises en scènes, fidèles à la lettre comme à l’esprit de leurs auteurs, ont su charmer un public nombreux. Toujours attentif aux compagnies de la Région, le couple Chatôt-Vouyoucas accueillera le Théâtre du Chêne Noir (qui célèbre quant à lui ses quarante ans), la nouvelle création de Renaud Marie Leblanc ou encore la jeune Sara Santhonnax, dont le bouleversant Exilio prend appui sur des lettres adressées aux républicains espagnols réfugiés à Marseille en 1939.
L’an passé, les Bernardines n’ont pas souhaité fêter leur vingtième anniversaire. Ce qui n’a nullement empêché l’équipe d’Alain Forneau de poursuivre son travail de défrichage en matière de recherches scéniques, symbolisé par son festival Les informelles (désormais en deux temps : octobre et mai-juin). Un mouvement de « laboratoire » qui se prolonge cette année autour de trois axes, avec une saison centrée sur les spectacles en chantier, le développement du rapport avec l’ERAC (Ecole Régionale d’Acteurs de Cannes) et l’association de metteuses en scène au Théâtre, Marie Vayssière et Eva Doumbia, nouvelles « habitantes des Bernardines ».
« L’ancêtre » Gymnase (plus de deux cents ans au compteur) et son alter ego aixois — le Jeu de Paume, auquel il est couplé depuis cinq ans — multiplieront quant à eux les collaborations avec d’autres structures locales (reprise du Face au mur de Martin Crimp par la Cie Diphtong dans le cadre d’actOral ; accueil de spectacles du festival Olé et du sympathique duo marseillais les Bonimenteurs…), en parallèle du traditionnel défilé de stars (Romane Bohringer, Jacques Weber, Patrick Timsit…) sur leurs planches.
Embourbée dans un imbroglio politico-immobilier, la Minoterie se tournera quant à elle plus particulièrement vers la lecture, avec un projet en plusieurs temps de la compagnie Lanicolacheur (lectures et création d’un spectacle). Par ailleurs, la salle de la Joliette sera presque la seule à programmer de la danse hors « événements chorégraphiques de la rentrée », entamant cette saison « en bonnes compagnies » avec le collectif Artmacadam et le Grupo X (Brésil).
La rentrée danse s’avère en effet particulièrement chargée puisque, outre Dansem, Marseille Objectif Danse et la compagnie Kelemenis célébreront leur vingtième anniversaire. Sans compter le Pavillon noir à Aix-en-Provence, dont la programmation exigeante (Peeping Tom, Odile Duboc, Pascal Montrouge…) ne manquera pas de ravir les amateurs du genre. Preuve que les lieux « alentours » s’activent eux aussi, et plus particulièrement ceux du pourtour de l’Etang de Berre — à commencer par les Salins, dont le début de saison flamboyant (avec deux spectacles de rue déjantés de la compagnie The Primitives ce week-end et la création événement du Cabaret des valises, réunissant l’ensemble Télémaque et le Cirque Plume) laisse présager d’un nouveau cru exceptionnel. Les théâtres réunis sous l’égide de Scènes et Ciné Ouest Provence (l’Olivier à Istres, le Théâtre de Fos-sur-Mer, la Colonne à Miramas…) ne seront pas en reste, avec une programmation riche d’une centaine de propositions. En point d’orgue cet automne, le festival Zone Danse Hip Hop, panorama foisonnant de la création chorégraphique urbaine et contemporaine.

CC