Qui (G)MEM me suive !

Qui (G)MEM me suive !

Si la création musicale contemporaine se montre souvent ardue, elle dévoile parfois des trésors d’inventivité et de drôlerie. La preuve avec la nouvelle création de l’ensemble Musicatreize, présentée dans le cadre du festival Les Musiques du GMEM…

Si la création musicale contemporaine se montre souvent ardue, elle dévoile parfois des trésors d’inventivité et de drôlerie. La preuve avec la nouvelle création de l’ensemble Musicatreize, présentée dans le cadre du festival Les Musiques du GMEM.

C’est avec un peu d’appréhension que nous nous sommes rendus jeudi dernier au théâtre de La Minoterie. L’ensemble Musicatreize, convié par le GMEM dans le cadre du festival Les Musiques, y présentait Le grand dépaysement d’Alexandre Le Grand, conte musical inspiré d’une légende extraite du Talmud de Babylone. Avant le début du concert, nous avions encore en mémoire la piètre représentation scénique d’un conte portugais — Les sorcières — en mars dernier aux Bernardines, qui ne mettait guère en valeur le travail de l’ensemble vocal marseillais, et on espérait secrètement ne pas ressentir à nouveau cette déception. Ce fut loin d’être le cas : ce concert nous a réconcilié avec une partie de la création contemporaine, et ce, bien au-delà de nos attentes. Le mérite en revient certainement à Jean-Christophe Marti, auteur des textes et des compositions, qui a su rendre accessible et drôle un sujet qui ne l’est pas forcément. Les questionnements d’Alexandre le Grand sur son propre pouvoir et les limites de son empire, de son monde, offraient une belle occasion à l’auteur de donner à son récit une dimension politique actuelle et des formes très variées. Bien rythmé, le concert alternait monologues, dialogues, passages purement instrumentaux, et la présence de deux acteurs traduisant une partie des textes en langue des signes donnait à l’ensemble une expressivité rare. Autour de cet empereur qui doute, on pouvait voir et entendre des chanteurs en mouvement, un percussionniste inventif, un chef d’orchestre qui interpelle le public… Bref, ce spectacle était réellement vivant ; et les quelques moments ouvertement comiques du concert nous rappelaient aussi que la musique contemporaine pouvait être à la fois très exigeante et irrésistiblement ludique. Fin du concert, sourires sur toutes les lèvres, les félicitations et les accolades ne sont pas feintes : nous venons de passer un très agréable moment que nous prolongeons encore un peu en nous dirigeant vers le buffet et le bar. Alexandre n’a pas été le seul dépaysé ce soir-là…

nas/im

Le grand dépaysement d’Alexandre Le Grand était présenté jeudi 17 à la Minoterie dans le cadre du festival Les Musiques du GMEM.