Fade out de Paul Destieu

Paul Destieu à la Galerie des Grands Bains de Douche de la Plaine

Batteur de chamade

 

Pour sa première exposition monographique, Paul Destieu met en lumière une quinzaine de travaux qui se répondent dans l’ombre depuis 2011. Seul et à plusieurs, il destitue le temps, l’espace, le mouvement et le son. Paul bat la mesure en confrontant les technologies. Rencontre…

 

À la Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine sont exposées les œuvres en ré majeur de Paul Destieu. Cette rétrospective explore le sens rythmique et le sensible via la vidéo, la modélisation 3D, l’impression en partition… Avec ses installations minutieusement pensées, il nous embarque dans un ailleurs inédit. Sa curiosité lui a permis de construire un travail digne d’un inventeur contemporain sous l’emprise les flux numériques et l’archéologie des médias. Aujourd’hui, ils coïncident avec le métronome du réel.

En préambule : Fade out, ou plutôt son tirage photographique. Soit la trace post-mortem et immobile d’une performance live sous seize tonnes de graviers. Le son des caisses claires de la batterie ne résonne plus. Une entrée en silence, donc, qui laisse place à Shuffle, dans laquelle plus de 400 extraits vidéo retracent l’histoire du rock des années 50 jusqu’à nos jours, à travers un montage où chaque mesure de temps se synchronise parfaitement avec les autres. Paul Destieu capte les BMP et les mouvements. Il délie les codes informatiques, fige le temps sur le son. Place ensuite à l’impression 3D avec Archive d’une frappe. 25 coups de baguettes à la seconde, arrêt sur image et modélisation. Le mouvement qui précède le bruit des cymbales. Développement d’une technique plastique qui n’existe pas. Des partitions fidèles accompagnent ce cycle de recherche. La clé de sol devient XYZ, les coordonnées spatiales voient éclore Himéra, un titre original du duo Postcoïtum avec lequel il interroge le langage musical. Ce qui était flou devient visible. Apparition, disparition et dégradation de l’information : voilà ce qui semble questionner l’artiste en profondeur. La mécanique des flux, du bruit : silence, ça tourne ! Romantique et plein d’humour, Paul charcute l’avenir. Réalisateur de l’invisible, il observe la rotation terrestre, devient l’architecte de nos perceptions. Il nous livre ainsi une scénographie quasi circulaire où les baguettes du batteur ont remplacé les aiguilles du temps. Une élévation qui permet au visiteur de rejoindre une atmosphère, le tout en lévitation tout autour de la réalisation Météore, jadis ensevelie. On gravite comme un corps céleste à travers elle. La boucle est bouclée.

 

Zac Maza

 

Paul Destieu : jusqu’au 28/09 à la Galerie des Grands Bains de Douche de la Plaine (35 bis rue de la Bibliothèque, 1er).

Rens. : www.art-cade.org/

Finissage jeudi 26 à partir de 18h30.

Pour en (sa)voir plus : http://pauldestieu.com / www.bertrandwolff.com/postcoitum/