Postcoïtum

Portrait : Postcoïtum

Humain c’est loin

 

Après un premier album déjà remarqué en 2013, le duo marseillais Postcoïtum refait parler de lui avec un Learning to be me en forme de consécration. Rencontre.

 

Postcoïtum… Le nom peut surprendre. Il évoque la joie et la tristesse, suggère la mélancolie. Derrière, deux gars : Damien Ravnich et Bertrand Wolff, trentenaires passionnés de musique. Et d’histoires, de fictions. Le titre de leur dernier album n’est d’ailleurs pas anodin : « Il nous vient d’une nouvelle de Greg Egan », précise Bertrand. Le récit de l’auteur australien questionne principalement la condition de l’être humain. « Mais nous ne dénonçons ni ne prenons partie pour l’homme ou la machine. » Une évocation du futur pour un album narratif des plus contemporains, à la lisière entre l’électro, la musique expérimentale et le post-rock (s’il faut coller des étiquettes). En évoquant en détail les morceaux du disque, Bertrand cite en premier les titres Von-Neumann, 2045 ou encore Galatée. Autant d’immersions qui abordent de très près les questions de l’immortalité et de la suprématie de l’intelligence artificielle. Ou bien plus largement, de l’humain face au temps. Un équilibre à trouver entre rythmes et arythmies, entre deux personnalitées, savamment mixées par Sylvain Quatreville, l’ingénieur son de la bande. Quatorze titres qui vous invitent à une errance instrumentale, à la fois électronique, industrielle et rock.
Postcoïtum, c’est donc surtout l’histoire d’une rencontre. Celle de Damien, batteur de formation jazz (au Conservatoire) et Bertrand, qui a fait ses premières armes à la clarinette avant de se tourner vers l’électro. Le contact passe. Le onze septembre 2011, ils allient leurs forces pour une performance… de onze minutes ! En guise d’écho à cette aventure, ils en proposeront une nouvelle le 20 novembre lors du week-end Made in Friche consacré à la culture et aux arts numériques. Une expérience musicale et lumineuse, grâce à une installation de Guillaume Stagnaro, dans laquelle une batterie interagit avec les machines grâce à des capteurs, et des musiciens qui modulent en direct des panneaux de leds. Comme autant de clins d’œils à une approche musicale qui se joue des codes scientifiques.
Bertrand et son acolyte envisagent aussi un projet d’exposition collective composée de six à sept artistes et avec toujours l’aide précieuse de Guillaume. Mais en attendant sa réalisation, les deux compères ont du pain sur la planche avec le label Daath, né en 2011 grâce à l’énergie d’un collectif composé de Lucien Gaudion, David Merlo et des deux membres de Postcoïtum. Naviguant entre les styles, de l’electronica au post-rock en passant par l’électroacoustique, l’équipe demeure soudée tant elle souhaitait « abolir les frontières » et compiler de nombreuses références dans des esthétiques souvent minimales, à l’instar de la musique spectrale et d’autres courants directement issus des années 70 qui renaissent sous les mains de Nicolo Terrasi, Clara de Asis, Pôm Bouvier B. ou Luciæn Zellum…
Le futur ? Une tournée, en 2016 certainement. Peut-être aussi une autre virée au Printemps de Bourges, comme en 2014. Mais laissons d’abord la vedette au présent, car derrière les apparences, Postcoïtum est un groupe futuriste qui n’hésite pas à vivre au jour le jour.

Charlotte Lazarewicz

 

Postcoïtum : le 20/11 à la Friche La Belle de Mai (41 rue Jobin, 3e), dans le cadre de Made in Friche. Rens. 04 95 04 95 95 / www.lafriche.org

Dans les bacs : Learning to be me (Daath Records)

Pour en (sa)voir plus : http://postcoitummusic.tumblr.com / www.learningtobeme.org