Vues hystéréoscopiques de Joao Vilhena

Paréidolie au Château de Servières

Dessine-moi un salon

 

Derrière un titre en forme d’illusion d’optique, Marseille se voit enfin dotée d’un salon international du dessin contemporain. Rendez-vous fin août pour Paréidolie, une nouvelle aventure qui tire un trait sur l’apoplexie estivale.

 

L’idée germait depuis quelques temps déjà dans l’esprit de Martine Robin, directrice du Château de Servières… A l’instar de Toulouse, Montpellier et Paris, avec Drawing Now, et dans une dynamique insufflée par MP 2013, Marseille cesse de faire bande à part et instaure un nouveau rendez-vous fin août dans la continuité de la foire d’art contemporain Art-O-Rama. Deux salons pour le prix d’un, histoire d’intensifier ce week-end pour le collectionneur et le journaliste parisien qui fait le déplacement pour l’occasion.  Car l’idée reste la même : faire en sorte que Marseille rayonne à l’échelle nationale, voire internationale, sur le terrain de l’art contemporain.
Le projet Paréidolie a vu le jour l’année dernière, grâce à un comité de pilotage de choc aux compétences complémentaires : Martine Robin, Françoise Aubert (directrice de la Fondation Vacances Bleues), Lydie Marchi (directrice d’Hydrib), Bernard Muntaner (éditeur d’art) et Michèle Sylvander (que l’on ne présente plus). L’équipe a fait le choix d’un comité de sélection d’experts, d’artistes et de collectionneurs, présidé par Bernard Blistène, directeur du Musée national d’art moderne de Paris. Dix galeries se partageront donc les 350 mètres carré de l’espace d’exposition du Château de Servières pour y montrer ce que le dessin actuel a de spécifique, et en quoi il est contemporain. Questionnements sur les formats, les supports et les outils desquels le dessin s’extirpe pour se réinventer sans se renier. Qu’il se propage à l’extérieur de la feuille ou qu’il se trace avec autre chose que le crayon, l’essence même du médium reste-t-elle aujourd’hui celle du trait et du support ? En préambule à toute tentative de réponses, le salon propose de visionner le film de Gwendal Sartre, Le Fils qui dessine, projeté pendant toute la durée du salon. Ces questions ont guidé le choix des dix galeries sélectionnées sur projet : cinq françaises, dont la galerie Bertrand Baraudou, qui propose, entres autres, les dessins d’Emmanuel Régent (grands formats, exécutés aux feutres), dans une hâte trahissant l’immédiateté du sujet : des villes en démolition dans un contexte de destruction… La galerie Chantiers Boîte Noire (Montpellier) sera représentée par Christian Lhopital, Mirka Lugosi et Abdelkader Benchama, et la galerie Alberta Pane par les œuvres de Marie Lelouche et Joao De Vilhena, avec ses « reproductions » de cartes postales anciennes où se cache un élément anachronique, révélant par là même le propos d’une démarche dans laquelle le dessin n’est plus que dextérité. Deux Espagnoles de la galerie Alarçon Criado proposeront les recherches de MP&MP Rosado sur le dessin et l’espace, tandis qu’Angels Barcelona offrira son stand au solo show d’Efren Alavarez, pour des dessins à la satire aiguë qui se déchiffrent patiemment… Le salon comptera aussi deux galeries suisses, dont Analix Forever, qui fait le choix des œuvres de Pascal Berthoud et Julien Serve, croquant sur des papiers à en-tête d’hôtels des scènes entre imaginaire et réalité… Et encore : une galerie belge, Alice Gallery, autour du collectif Hell’O Monsters, et une galerie allemande, L’Atelier KSR… Bref, une belle dimension européenne, le temps d’un week-end chargé où tout a été pensé pour faire les ponts avec Art-O-Rama : des navettes faciliteront vos allers-retours entre la Friche et le Boulevard Boisson, l’idée étant de mutualiser les moyens pour faire de cette rentrée artistique un temps fort.

Céline Ghisleri

 

Paréidolie : les 30 et 31/08 au Château de Servières (11-19 boulevard Boisson, 4e).
Rens. : 04 91 85 42 78 / www.pareidolie.net