Le Cabanon des Auteurs avec Magali Mougel au Théâtre du Petit Matin

Le Cabanon des Auteurs avec Magali Mougel au Théâtre du Petit Matin

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Pas de farniente au Cabanon

Créer une rencontre avec l’écriture contemporaine, tel est le projet mis en place par le Théâtre du Petit Matin avec son cycle « Cabanon des Auteurs ». Le mois d’avril mettait à l’honneur Magali Mougel, jeune auteure strasbourgeoise, lauréate du Centre National de Théâtre, à travers la lecture d’extraits de trois pièces entrecoupée d’échanges à bâtons rompus avec la dramaturge.

Mis en scène par Nicole Yanni et lu par Claire Leyat et Philippe Levy, les trois extraits éclairent le rapport des femmes au travail et particulièrement le regard et l’exigence de la société sur elles. Premier extrait, Leda, le sourire en bannière, chronique de manière poétique le licenciement d’une hôtesse d’accueil quasi robotisée qui subit le cynisme de son patron mettant en cause son « savoir être qui n’est plus en adéquation avec l’entreprise. » En clair, elle est devenue trop grosse pour le poste. Dans une vengeance suicidaire, Leda kidnappe son patron et renverse le rôle du bourreau par une séquestration qui les détruira tous les deux…
Dans la seconde lecture, Ce que Suzy mesure, une femme subit les assauts culpabilisateurs conjugués de sa mère et de son mari qui lui reprochent la mort d’un de ses enfants. Suzy se laisse humilier par ces parangons de vertu méprisants et méprisables dont la violence accusatrice révèle le caractère empoisonné des relations familiales.
Extrait de la pièce Erwin moteur/ Dévotion, qui a fait l’objet d’une lecture à la Comédie Française, la dernière lecture expose un véritable dialogue de sourds. Celui entre une femme qui tente d’expliquer comment son travail aliénant d’ouvrière à la chaîne est un vecteur d’émancipation et un mari qui se sent dévirilisé parce que son épouse ne se satisfait pas de l’attendre à la maison en vivant à ses crochets.
A l’aide d’une écriture naturaliste aux dialogues ciselés, Magali Mougel crée un certain trouble chez le spectateur qui assiste à ces échanges destructeurs entre des personnages enfermés dans leurs déterminismes. Car c’est bien l’abîme d’incompréhension séparant les différents protagonistes qui est le fil conducteur des trois saynètes.
Assise dans un coin de la scène, l’auteure prend la parole entre chaque scène dans une discussion informelle avec le public. Entre questions et débats, le procédé permet de comprendre les mécanismes d’écriture et les enjeux de la créatrice. Une familiarisation avec le théâtre contemporain qui paraît souvent opaque aux non-initiés.

Daniel Ouannou

Le Cabanon des Auteurs avec Magali Mougel était présenté le 6/04 au Théâtre du Petit Matin