The Stranger de Na Hong-Jin

Panorama des cinémas d’Extrême Orient

Aux délices d’Asie

 

Après l’Amérique latine l’an passé, et la Belgique il y a deux ans, c’est l’Extrême-Orient que les salles de cinéma de Scènes et Cinés Ouest Provence ont choisi de mettre, pour notre plus grand bonheur, à l’honneur cette année.

 

Longtemps cantonnée à une exploitation domestique, la richesse infinie du cinéma asiatique a mis plusieurs décennies à parvenir aux cinéphiles occidentaux. Bien sûr, l’occupation américaine au Japon nous a permis d’apprivoiser assez tôt des génies comme Akira Kurosawa ou Yasujiro Ozu, dont les œuvres ont durablement marqué de leur empreinte le cinéma mondial, mais c’est en grande partie grâce à Olivier Assayas et son travail de critique au sein des Cahiers du Cinéma à l’orée des années 80 que tout ce pan méconnu de la cinématographique mondiale a pu arriver jusqu’au public français. Après une décennie 70 perdue entre élitisme et maoïsme, la revue mythique fondée par André Bazin retrouve le goût de la découverte avec notamment le travail d’Assayas, cinéphile curieux qui, au terme d’un voyage en Asie, entreprend de faire découvrir à la France toute la fécondité cinématographique d’un continent longtemps resté dans l’angle mort de l’Occident. Après la génération des King Hu, Tsui Hark ou Bruce Lee dans les années 70, c’est l’éclosion des John Woo, Zhang Yimou ou Ang Lee dans les années 90 qui ouvrira les yeux de l’Occident sur ce cinéma d’Extrême-Orient si éclectique et fascinant. Un travail de découverte que Quentin Tarantino poursuivra par son style ultra référencé. Devenu aujourd’hui une place forte de la création des formes cinématographiques dans le monde, le continent asiatique, en particulier la Chine, le Japon et la Corée, pour qui le Festival de Cannes a les yeux de Chimène, n’en finit plus d’émerveiller les salles obscures. C’est donc avec un plaisir non dissimilé qu’il faut accueillir le choix des salles de Scènes et Cinés d’axer leur focus 2017 sur le cinéma d’Extrême-Orient, surtout en cette année qui a vu déferler tant de chefs-d’œuvre venus d’Asie sur nos écrans. Parmi une programmation pléthorique d’une trentaine de films, soulignons les Japonais Kore-Eda (Tel père, tel fils) et Kiyoshi Kurosawa (Vers l’autre rive) qui, par la grâce de leurs regards attentifs, transcendent la complexité tendre des relations humaines. Au programme aussi, les deux Coréens qui ont secoué le dernier festival de Cannes avec d’authentiques merveilles, The Stranger de Na Hong-Jin (The Chaser, The Murderer), effroyable thriller satanique sur fond d’exorcisme, et Mademoiselle de Park Chon-Wook (Old Boy), injustement boudé par le palmarès, mi conte enchanteur, mithriller aux rebondissements sans fin empreint d’une magie érotique vertigineuse dans la Corée des années 30. Avec ça, une soirée autour du génocide Khmer avec l’immense Rithy Panh et ses indispensables Duch, le maitre des forges de l’enfer et L’Image manquante, un détour par les Philippines avec Ma’Rosa de Brillante Mendoza et un crochet au Cambodge avec Davy Chou et son Diamond Island. La Chine n’est pas en reste, représentée par Wang Bing (Ta’Ang, un peuple en exil entre Chine et Birmanie) et Jia Zhang-Ke (Au delà des montagne) et leur vision critique de la Chine contemporaine. Sans oublier deux rétrospectives consacrée à Akira Kurosawa et Hayao Miyazaki pour rendre hommage aux classiques. Une programmation qui balaie de façon presque exhaustive la production asiatique contemporaine pour découvrir ou approfondir un cinéma passionnant dont l’influence ne cesse de croître.

 

Daniel Ouannou

 

Panorama des cinémas d’Extrême Orient : du 10 au 19/03 dans les salles de Scènes & Cinés Ouest Provence (Cinéma Le Coluche à Istres, Espace Gérard Philipe à Port-Saint-Louis-du-Rhône, Cinéma Le Comœdia à Miramas, Cinéma L’Odyssée à Fos-sur-Mer et Espace Robert Hossein à Grans).
Rens. : www.scenescetcines.fr

Le programme complet du Panorama des cinémas d’Extrême Orient ici