Une nuit à la Belle

Une nuit à la Belle avec le collectif Ici-Même à la Belle de Mai

Les chemins de la connaissance

 

« Révéler les territoires par des dispositifs relationnels », tel est l’enjeu d’Ici-Même, collectif grenoblois qui propose avec Une nuit à la Belle d’approfondir notre connaissance de soi et de l’autre par le biais du déplacement et de la rencontre avec des inconnus.

 

Fondé en 1992 à Grenoble, Ici-Même rassemble une équipe pluridisciplinaire issue du spectacle vivant, de l’audiovisuel ou encore du graphisme. Comme l’explique sa coordinatrice artistique, Corinne Pontier, les projets développés ouvrent des « espaces de pratiques publiques, questionnent sur la ville et ses usages », et font se rencontrer passants, artistes, et habitants pour une véritable expérience de territoire.
Avant d’amener leur savoir-faire et leurs idées à Marseille par petites touches (2004, 2006 et 2013) et de disposer d’une véritable antenne phocéenne, quelques projets phares ont semé les cailloux du chemin d’Ici-Même. Entre aménagement du squat grenoblois le Brise-Glace et marche exploratoire de quatorze kilomètres à Grenoble sur trois semaines, suivie de promenades sonores et autres projets participatifs sur les rivages urbains de la Méditerranée comme en Europe du Nord, l’association a œuvré au rapprochement entre ici et là-bas. Cette évolution s’est faite au fil de plusieurs cycles de vie collective, qui ont nourri leur expérience personnelle et militante du « vivre » et du « faire ensemble », expressions très tendance aujourd’hui.
Une Nuit à la Belle s’inscrit dans un projet plus vaste de logement sociétal participatif qui regroupe un collectif d’architectes, ETC, et la SCIC Belle de Mai. Comme un prélude à la construction de cet habitat tout de bois vêtu sur le site de la Friche d’ici cet été, Ici-Même commence par nous inviter à échanger avec des inconnus sur ce même territoire. Ces rencontres, proposées d’avril à juillet, ont été préparées en amont par un « point de vue direct sur la mixité » grâce à une résidence à la Marelle et à partir de l’Agence de conversation qui a recueilli les dires de passants. Elles s’organisent, gratuitement, autour d’un jeu de conversation, une balade, un apéro, un dîner, ou même une nuit chez un habitant. Cette expérience de terrain au sein d’un laboratoire de vie nous questionne sur notre rapport à l’autre.
A la lecture du blog d’Ici-Même, qui raconte la première nuit à la Belle, on se dit que cette initiative pourrait bien améliorer ou changer notre perception de ce(ux) qui nous entoure(nt). La narration y est autant ludique qu’instructive, donnant un bon exemple de ce que la préparation d’une rencontre avec un inconnu implique : attentes et prévenance pour les invités mais aussi réflexions spontanées sur son quartier, son habitat. « Comment vit-on quelque part et quel est notre désir d’y rester ? »
S’ajoute ainsi à la découverte de l’autre et, finalement, de soi-même, celle d’un des quartiers populaires les plus emblématiques de Marseille, la Belle de Mai, et de son poumon culturel et traversant, la Friche. Une nuit à la Belle semble montrer que la sagesse socratique, que l’on atteindrait en se connaissant soi-même, est certainement enrichie par la rencontre avec un territoire comme avec un inconnu. De l’avis même de Corinne Pontier, « la vie n’est d’ailleurs qu’un grand moment d’imprévus. »

Guillaume Arias

 

Une nuit à la Belle avec le collectif Ici-Même : jusqu’au 16/05 à la Belle de Mai.

Rens. : unenuit@icimeme.org / dormiralabelle.wordpress.com / www.lafriche.org

Pour en (sa)voir plus : www.icimeme.org