Norma Jeane - Sleeping beauty goes wild à la Galerie de la Friche la Belle de Mai

Norma Jeane – Sleeping beauty goes wild à la Galerie de la Friche la Belle de Mai

Etre et avoir

A l’occasion de sa première exposition personnelle en France, Norma Jeane présente six installations inédites à la Galerie de la Friche : un parcours initiatique à travers les traumas d’une société en crise.

expo%20Norma%20Jeanne%20C%20Matthieu%20Verdeil.jpgDans son ouvrage Pour une société de décroissance, l’économiste Serge Latouche affirme l’urgence d’une entreprise de décroissance comme « la dernière chance avant l’apocalypse » en étudiant la manière dont la « Mégamachine planétaire » (organisation socio-économique par le développement, le progrès) ronge les cultures et détruit le lien social. Dès lors se pose une question fondamentale pour Norma Jeane : comment créer en dehors de toute stratégie mercantile ? L’artiste nous invite à recevoir ses œuvres, non pas en tant qu’images ou objets de représentation, mais en tant qu’objets d’expériences réelles. Afin d’accentuer sa dramaturgie, Norma Jeane revisite le conte de la Belle au Bois Dormant et invite le spectateur à se déplacer à l’intérieur d’un espace soumis à une obscurité quasi totale et rythmé par quelques points lumineux sous lesquels se trouvent les œuvres. Le ton est donné avec Coming down from the Mountain : un cube de glace posé à même le sol fait face aux 335 bouteilles vidées pour servir à sa formation. L’artiste dénonce la dépense d’énergie absurde de cette base vitale puisée, industrialisée, marketée, distribuée, déversée. Sous nos pieds, la substance décroît et retrouve peu à peu son état d’origine avant de s’infiltrer dans le sol ou de s’évaporer. Les six installations expriment une esthétique de la destruction, présentant des objets de consommation au moment de leur décrépitude. La réalité et la fiction, les situations paradoxales basées sur une logique binaire — solide / liquide, vide / plein, attraction / répulsion, vie / mort — caractérisent une démarche qui s’inscrit dans la pensée de Nietzsche. Loin d’être un divertissement, un aimable passe-temps, l’art se révèle l’activité métaphysique par excellence, ce à travers quoi se révèle pour nous la dimension tragique de toute existence.

Texte : Nathalie Boisson
Photo : Matthieu Verdeil

Norma Jeane – Sleeping beauty goes wild : jusqu’au 24/10 à la Galerie de la Friche la Belle de Mai (41 rue Jobin, 3e). Rens. (S)extant et plus : 04 95 04 95 94 / www.sextantetplus.org