Nicole Guidi à la Poissonnerie

Nicole Guidi à la Poissonnerie

Derrière le miroir

Des œuvres à l’encre et à l’aquarelle d’un côté, un livre pour enfants de l’autre : Nicole Guidi nous plonge avec délice dans son univers visuel aux différentes facettes.

Le travail plastique, comme la relation entre les mots et les images, change de dimension dans les œuvres et le livre, tout en manifestant différemment, une poésie du quotidien. Les deux séries présentées à la Poissonnerie, Méli-Mélo et Sarcasmes, nous donnent un aperçu du travail de Nicole Guidi, qui explore tout à la fois l’imprévu de réactions des effusions de couleurs sur la toile ou le papier, la dynamique des traits, des lignes, des coups de pinceau, ainsi que les comportements et les rythmes de l’homo urbanus. Elle travaille la rencontre entre l’être physique — le tableau — et l’être que nous sommes — l’homme. Regardées de loin, les séries présentées ici apparaissent comme des taches colorées, des lignes de force entre les traits et les formes. De près, elles sont comme animées par la présence d’une multitude de petites figures et de bonhommes qui semblent revendiquer leur présence l’un contre l’autre ou l’un avec l’autre…
Alice s’ennuie est le récit en images de la découverte de la création par une petite fille, qui peut être dévoré aussi bien par les adultes que les enfants. Si l’ennui peut apparaître comme la hantise des petits, la solitude est bien souvent celle des grands. Mais ces derniers peuvent toujours faire semblant, s’immerger dans un bain de foule… Les enfants, eux, ont besoin de respirer, ils cherchent à habiter ce monde encore étranger. Et si le mythe grec de la naissance de la peinture fonctionnait comme une assise théorique autant qu’existentielle ? Et si l’ombre en face de moi était quelqu’un d’autre que moi ? L’enfant peut alors trouver l’Autre en soi-même, découvrir l’altérité au fond même de sa solitude. Et s’émerveiller de la richesse du visible sans être dupe : les apparences ne nous trompent pas, elles ne sont pas fidèles à l’idée que nous nous faisons d’elles. Elles peuvent nous diriger vers d’autres apparences, que même les grands considèrent comme dignes d’attention…

Elodie Guida

Jusqu’au 28/03 à la Poissonnerie (360 rue d’Endoume, 7e). Rens. 04 91 52 96 07
Livre disponible sur place pendant la durée de l’exposition, ainsi qu’aux librairies Histoire de l’œil (25 rue Fontange, 6e) et Les mots pour le dire (33 rue des Trois Mages, 1er).