C’est l’automne, la saison rousse. Les notes de piano s’égrainent comme les feuilles voltigent sur les gazons, traînant avec elles des odeurs de terres lointaines, de terres humides qui nous enivrent comme le parfum de la chair quand tombe, après le préambule, la robe d’une femme désirée. Ces extases mélodiques portent en elles des relents de Méditerranée et de Brésil, quelques exquises esquisses d’un autre temps, celui où le temps, justement, n’était pas compté. Les comparaisons affluent mais l’essentiel est ailleurs : il est ici question d’abandon et de quiétude. Toute en demi-teinte, cette musique nous grise ; logée au creux de nos rêveries les plus intimes, elle n’en ressortira plus. Ne craignez point l’ardeur, la musique est un cadeau ambigu dont chacun use comme il peut.