Mauvaise tambouille

Mauvaise tambouille

Nous avons l’habitude de contenter vos yeux et vos oreilles ? Cette semaine, on taquine vos papilles gustatives en manque de sensations. Oubliez le pâté discount insipide dans du pain mou, mettez-vous à table, les serviettes sur les genoux et débouchez un bon crû… (lire la suite)

Nous avons l’habitude de contenter vos yeux et vos oreilles ? Cette semaine, on taquine vos papilles gustatives en manque de sensations. Oubliez le pâté discount insipide dans du pain mou, mettez-vous à table, les serviettes sur les genoux et débouchez un bon crû.
Au menu : on attaque bien sûr par la composition inédite de saveurs marseillo-boulonnaises à tendance lyonnaise qui devait relever la recette française en crampons. L’Hexagone du football attendait du feu follet Ribery qu’il fasse fondre le fromage suisse à pâte dure. Il a malheureusement gardé toute sa consistance[1]. Sa prestation aura au moins fait oublier le temps d’un repas que la tête du pays est empêtrée dans un méli-mélo de connivences sous-marines et de pratiques malodorantes.
La tambouille du programme socialiste aurait dû constituer le plat de résistance de notre pitance hebdomadaire. Mais le plan alternatif de 2007 a été occulté par la secousse sécuritaire de Ségolène sur l’encadrement militaire des jeunes délinquants, suivie des répliques des éléphants, relançant la pitoyable lutte pour la toque de chef, tandis que nous attendons avec de plus en plus d’appétit de tous se réunir autour de la table et partager un riche repas. Pour patienter, nous aurions pu faire réchauffer une bonne ratatouille sur le feu. Mais le gaz n’est plus à nous, il y a de l’eau dedans[2]. Tant pis, c’est aussi bon froid.
Ne nous reste plus que le dessert pour ne pas rester sur notre faim. La cuisine exotique pouvait renouveler la tradition pâtissière française, mais il ne sera bientôt plus possible de goûter les recettes familiales. Notre sinistre de l’intérieur a concocté en pleine affaire « courant clair » une remise en question de notre politique d’accueil des étrangers travailleurs voulant vivre avec les leurs en France. Seuls seront désormais admis les cuisiniers Bac +5, reproduisant ainsi la logique économiste cynique de traite des êtres humains issus des continents pauvres, de l’Afrique affamée en premier lieu[3].
Pour bien digérer ce lourd régime, ne reste plus qu’à le changer. Les recettes les meilleures ne viennent pas forcément des grands chefs. Les cantinières du peuple peuvent obliger nos représentants à changer les ustensiles que notre Constitution met à leur disposition au Parlement pour reprendre la main sur un pouvoir omnipotent, inconscient du plaisir d’une bonne bouffe en famille ou entre amis.

Pascal Luongo

Notes

[1] Pour ceux que ça intéresse ou qui l’ignorent, la France a fait match nul 0-0 contre la Suisse dans son premier match de la compétition allemande.

[2] Suez, multinationale de l’eau, qui gère la distribution en eau de la plupart des collectivités locales françaises, risque finalement de fusionner avec Gaz de France, induisant la privatisation définitive de l’entreprise publique.

[3] Le Président du Sénégal Abdoulaye Wade a dénoncé publiquement la résurgence effrayante de la traite des Africains induite par la loi sur l’immigration « choisie » discutée à l’Assemblée le même jour que le séjour du ministre venu la présenter sur le continent.