L’Interview : Philippe Car (L'Agence de Voyages Imaginaires)

L’Interview : Philippe Car (L'Agence de Voyages Imaginaires)

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Alors que l’Agence de Voyages Imaginaire s’apprête à partir (pour de bon) de l’autre côté de la Méditerranée pour créer Le Cid, le fondateur et metteur en scène de la compagnie nous dévoile les dessous de ce nouveau projet.

Votre compagnie est connue pour ses adaptations de classiques dans des mises en scène très contemporaines, alliant arts de la scène, spectaculaire et humour. Qu’en est-il de cette prochaine création ?
J’ai d’abord été formé à l’école du théâtre gestuel, d’où l’importance des images, du mime. Petit à petit, on m’a demandé d’adapter des œuvres classiques à ma sauce. Passé l’a priori de l’ennui, la lecture fait découvrir l’intemporel et la richesse des possibilités. Pour cette adaptation, nous ne ferons pas de reconstitution historique ou muséographique. Ce serait trahir l’auteur que d’essayer de faire une pièce en costume d’époque. Le travail de création est aussi particulier. Je préfère commencer avec le moins d’idées possible, aborder le spectacle avec les yeux d’un enfant. Je proposerai aux comédiens un tapis de jeu et nous avancerons tous ensemble dans un processus de recherche partagé. Peu à peu, les silhouettes de l’histoire apparaîtront.

Le texte du Cid est un voyage multiple, dans le temps, dans l’espace et dans les sentiments humains. Cette notion de voyage s’applique-t-elle à votre séjour de création ?

J’ajouterai d’abord que la pièce est en vers. L’alexandrin est une langue, d’où cette autre forme de voyage. Ensuite, il est question, dans Le Cid, de défense des valeurs, ce qui est vraiment d’actualité. Nous devons le rappeler plus que jamais. Ne pas renoncer à l’amour, résister à la peur et aux doutes. Cette contemporanéité se retrouve dans le travail des acteurs qui commentent, en jouant, l’histoire qu’ils racontent. Pour revenir à la question, la création sera bien sûr un voyage géographique, comme pour nos précédentes créations, mais la nouveauté est ailleurs. Les répétitions se feront à l’étranger, en public. Nous aurons donc moins l’occasion de nous tromper.

Les rencontres que vous ferez pendant votre séjour vont-elles influencer la création elle-même ?
En dehors du public présent, il y aura des ateliers avec les artistes locaux, qu’ils soient amateurs ou professionnels. Chacun va travailler sur Le Cid avec ses compétences de peintre, de comédien… Nous verrons ainsi émerger des choses que nous n’aurions pas imaginées au départ. Ce sera une recherche propre à chacun et, pour la compagnie, comme si nous étions le double pour créer !

Vous lancez votre convoi depuis le théâtre du Gymnase. On imagine que ce choix n’est pas anodin…
En effet, le spectacle va d’abord être présenté au Gymnase, qui est notre principal coproducteur. L’idée est de faire rêver le spectateur sur la manière dont se fabrique une pièce. Nous allons faire la liste de ce que nous emporterons dans nos bagages… Le public devient ainsi complice du procédé de fabrication, ce qui lui donnera d’autant plus envie de voir le résultat à notre retour.

Vous revenez présenter Le Cid en 2013, date de l’entrée en piste de Marseille Provence Capitale européenne de la Culture. Qu’attendez-vous de cet évènement, en tant qu’artiste et en tant que citoyen ?
J’avoue en avoir un peu marre de répondre à cette question. Je suis comme tout le monde, j’espère que cela va bien se passer !

Propos recueillis par Guillaume Arias

Départ du convoi de création de l’Agence de Voyages Imaginaires : le 9/06 à17h30 devant le Théâtre du Gymnase (4 rue du Théâtre Français, 1er).
Rens. www.voyagesimaginaires.fr