L’Interview : David Merlo

L’Interview : David Merlo

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Jeune mais prolixe, le compositeur et bassiste David Merlo multiplie les performances aussi bien dans l’underground marseillais que dans les milieux plus institutionnalisés de la musique contemporaine. Rencontre avec un contemplatif assumé.

Comment parlerais-tu de ta musique ?
Je décrypte de la matière musicale à travers des esthétiques très différentes : musique ethnique, jazz, improvisation… Je ne vise pas un mode de pensée, mais j’essaie de voir là où les rouages se dénouent et à quoi ça tient.

Quelles musiques ont marqué ton parcours ?
Les premières musiques qui m’ont ému sont celles de Bach et des chants congolais. Elles me procurent la même sensation de plénitude et de satiété.

Qu’est-ce qui distingue tes performances improvisées de ton écriture pour des ensembles ?
J’essaie de respecter le même état émotionnel. Il y a beaucoup de pièges dans l’écriture du fait de la temporalité, des choix à faire. J’aime être devant ces choix, me demander lequel résonne le plus juste par rapport à mon idée de départ, même si cela ne s’explique pas, puisque c’est de l’ordre de l’émotion.

Pourquoi avoir choisi la basse ?
La basse est la charnière de ma pratique. C’est un instrument qui a un pied dans le rythme et un autre dans l’harmonie. C’est un guide. Tout instrument rythmique ou purement mélodique est une feuille ; la basse est comme le tronc, et ses racines, en étroite connexion avec le type de sol dont il se nourrit.
J’ai besoin d’un rapport organique avec l’instrument. Ça a sans doute aussi à voir avec l’Afrique où je suis né et où j’ai passé mon enfance. J’ai eu besoin de reproduire des gestes avec mon corps. Je ne trouve pas encore cet équivalent dans l’électronique. Il y a récemment eu des lutheries électroniques assez géniales, qui ont à voir avec le geste, mais ce n’est pas le même son.

Pourquoi navigues-tu entre les milieux dits « de musique savante » et les scènes expérimentales ?
J’ai besoin des deux, elles me nourrissent. Elles sont complémentaires car elles ont toutes les deux l’ambition principale d’être sur la brèche, de chercher non pas l’inouï mais d’être dans le singulier.

Quelle est ton actualité ? Quels sont tes projets ?
Il y a des projets différents : du post-rock avec Damien Ravnish et Virgile Abela (ndlr : temporairement nommé Sainte Zita) ou des choses plus électro-acoustiques avec Pôm Bouvier ou Gildas Etevenard. Je fais aussi partie de Subspecies, un double quartet électrique et acoustique. Je participe également au net-label Daath, qui fédère plusieurs compositeurs et modes de composition et sur lequel va bientôt paraître mon disque solo masterisé au Gmem. On édite également une revue sonore mensuelle sur Internet. Quant au Skylab, projet que je mène avec Nicolas Gerber, il s’agit d’investir de nouveaux territoires qui ne sont pas dédiés aux concerts : des sex-shops, des salles de sport, des zoos… Il faut s’impliquer d’abord dans le local pour rayonner ensuite sur l’extérieur.

Propos recueillis par Joanna Selvidès
Photo : Ulrike Monso

Sortie de Caílin (Daath) le 18/06. Rens. http://daath.org
En concert : le 13/07 sur le toit du Corbusier (ciné-concert avec Famoudou Don Moye, Paul Elwood, Emmanuel Cremer et Simon Sieger) et le 14/07 en solo à la Distillerie (Aubagne), dans le cadre du Festival Variables