L’interview : Brigitte Fontaine

L’interview : Brigitte Fontaine

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Son dernier album, L’un n’empêche pas l’autre, reprend pour l’essentiel d’anciens morceaux qu’elle interprète en duo avec, entre autres, Grace Jones, Alain Souchon, Christophe, Matthieu Chedid, Bertrand Cantat et Higelin. A l’occasion de son passage à la Criée dans le cadre d’ActOral, rencontre avec la chanteuse, mais aussi comédienne, parolière, dramaturge, romancière… qui pourrait bien être la fée de la désinvolture.

Vous collaborez avec beaucoup d’artistes. C’est vous qui allez vers eux ou bien ce sont eux qui viennent à vous ?
Habituellement, c’est moi qui leur demande. Et ils répondent tous avec joie. Grace Jones, par exemple, m’avait dit dans une fête : « Je te fais tout ce que tu veux. » Pour ce qui est de L’un n’empêche pas l’autre, c’est ma maison de disques qui m’a poussée à le faire. Un disque de duos, ça ne m’intéressait pas. Heureusement, c’était avec des gens que j’aime.

Vous allez donner un concert dans un théâtre. Mais, pour vous, quelle est la salle idéale ?
Une grande scène rock où les gens sont debout. C’est beaucoup plus chaleureux. Et idéalement, avec quelques gradins au fond.

Comment se passe la réalisation de vos clips ?
Je n’ai pas mon mot à dire. Je peux interdire quelque chose à la rigueur, mais c’est tout. Je crois que le clip de Dancefloor était un peu médiocre. Alors qu’il aurait pu faire un malheur ! Ils ont mal travaillé. Mais celui du syndrome Gilles de la Tourette est plutôt marrant, non ?

Vous avez d’autres projets en cours ?
Je joue dans un film, Le Grand Soir, dont j’ai aussi écrit la chanson. Il sort en avril et ça va sûrement faire un malheur. Il est réalisé par Benoît Delépine et Gustave Kervern, les réalisateurs de Mammuth et Louise Michel. C’est avec Benoît Poelvoorde, Albert Dupontel et Areski Belkacem. Pourtant, le cinéma, ça ne me tente pas plus que ça. Je préfère le théâtre. Mais ils me voulaient absolument. Alors comme le scénario m’a plu, j’ai dit oui. Je travaille aussi sur un roman, Les Charmeurs de pierre, qui sort en janvier. Je l’ai écrit avec passion. C’est un grand conte d’aventure, d’initiation et de passion chez les Celtes.

Pensez-vous revenir au théâtre ?
Certainement. On va remonter L’Inconciliabule, une pièce que j’ai écrite. Je ne sais pas encore qui va la jouer. Sinon il y a Le Bal des coquettes sales, que j’ai écrit avec une amie algérienne, Léïla Derradji, et qui sera très probablement interprété par Anouk Grinberg et Béatrice Dalle.

Comment trouvez-vous la jeunesse d’aujourd’hui ?
Elle est beaucoup plus sympathique et formidable que du temps de ma propre jeunesse. Les jeunes et moi sommes de connivence lors de mes concerts, ils sont adorables. Dans la rue aussi, quand les mecs et les petites meufs me sautent dessus. Attention ! J’aime aussi les vieux, même s’ils sont rares dans mes concerts.

Enfant, vous étiez-vous fait des promesses ?
Des promesses, non. Je savais que je ferai du théâtre et que j’écrirai. Je le savais, tout simplement. La chanson, je n’avais pas prévu. Et si je n’avais pas été tout ça, alors j’aurais été danseuse, danseuse de flamenco.

Quelle est votre plus grande déception ?
Que la France, c’est beau, bon, c’est généreux, mais que certains Français sont des veaux et qu’ils ont voté comme des cons. Et ça va changer, j’espère !
Qu’est-ce qui vous impressionne ?
L’orage. L’orage m’épouvante. Et le soleil aussi, d’ailleurs.

Quel est le personnage qui vous réjouit le plus ?
La Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont dans Les Liaisons dangereuses. Je suis également fière que le personnage le plus populaire en France soit Jean Valjean.

Et celui qui vous attendrit ?
Bridinette, une petite fille dans un livre que je lisais quand j’étais petite. Je j’ai toujours et c’est trop bien !

Propos recueillis par Capucine Vignaux

En concert dans le cadre d’Actoral.11, le 17 à la Criée (30 Quai Rive Neuve, 7e).
Rens. 04 96 17 80 00 / www.actoral.org