Les Rencontres à l’Echelle 2011

Les Rencontres à l’Echelle 2011

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Place à la création

Les Rencontres à l’Echelle amorcent leur sixième édition sous le signe de liens toujours plus forts entre les artistes marseillais et leurs homologues de l’autre rive de la Méditerranée. Un nouveau cru logiquement marqué par le printemps arabe.

Relativement équilibré dans sa programmation, le festival fait tout de même la part belle à l’écriture et offre un focus particulier sur la création égyptienne. L’édition 2011 est d’ailleurs sous-titrée Ana fil midan (Je suis dans la place), message en arabe égyptien que se transmettaient les manifestants depuis la place Tahrir au Caire, au printemps 2011. « Même si ces rencontres ne sont pas basées sur les révolutions qui ont eu lieu de l’autre côté de la Méditerranée, il est logique que ces changements aient marqué le travail des artistes du monde arabe. Une rencontre publique est justement prévue autour de ces questions », indique Julie Kretzschmar, directrice des Bancs Publics.
En témoigne le travail d’Ahmed El Attar. Seul sur scène, il fait partager au public des morceaux de sa propre vie, confiant ses réflexions quotidiennes et narrant les événements de la place Tahrir. Basée sur les archives personnelles de l’auteur, On the importance of being an arab est une performance imprévisible qui se construit sous nos yeux.
Autre artiste égyptien, le réalisateur alexandrin Ahmed Nabil offre un tour d’horizon du cinéma indépendant de sa ville avec Shorts films from Alexandria. Une sélection de courts-métrages réalisés avant les bouleversements et qui montre l’envie de toute une jeune génération d’écrire et produire des films de qualité, détachés de toute influence politique et idéologique malgré le régime autoritaire de Moubarak.
Entre cinéma et photographie, Mehdi Meddaci poursuit quant à lui le travail entamé en 2008 (Corps Traversés), en explorant, avec Ce qui est perdu – un cycle méditerranéen, la mémoire et le temps. Via une triple installation vidéo, il interroge l’exil et le lien entre les deux rives.
Côté théâtre, Sabine Tamisier nous fait partager les émotions d’Héloïse dans Casa Nostra. Jeune fille en mal d’amour, maladroite et timide, Héloïse ne sait plus construire une phrase lorsqu’elle croit être devant LE prince charmant. Les mots s’échappent alors de sa pensée, se bousculant dans un joyeux désordre. Un monologue rafraîchissant qui étonne. Autre thème mais même interprète, Un jour je serai paysanne livre un récit propre à tous les déracinés.
Travail sur l’exil également, Sicilia, de Clyde Chabot, pose les questions dans l’autre sens : pourquoi migre-t-on ? Qu’est-ce qui nous pousse à partir quand nos enfants rêvent de revenir ? Avec Ma Marseillaise, l’auteur et comédienne libanaise Darina Al Joundi narre l’histoire de Noun, jeune femme en route pour obtenir sa naturalisation française. En chemin, elle exprime ses réflexions personnelles, bonnes et mauvaises, sur la France, pays qu’elle a choisi pour être le sien.
En marge de ses contemporains, la poétesse marseillaise Florence Pazzottu s’attache à décrire toutes les violences, de l’agression presque banale d’une femme dans une ruelle au massacre des Tutsis, via un texte d’une rare fluidité (La tête de l’homme).
On quitte les planches pour les ondes avec la performance radiophonique (en direct sur Radio Grenouille) de Maya Boquet, qui nous fait découvrir, avec son invitée Lena Luptakova, les aventures de Lenka Niehanebná, comédienne tchécoslovaque méconnue qui aurait occupé une place déterminante dans l’histoire internationale du jeu d’acteur.
At last but not least, dans la continuité du travail effectué ces trois dernières années, les fameux projets meetic.Med reviennent croiser les disciplines d’artistes des rives nord et sud. « Le but est de les faire travailler ensemble, de les mettre en contact et de voir ce qui peut être créé de cette rencontre. C’est par ces collaborations, par la découverte du travail de l’autre que l’on apprend à se connaître. Il y a un véritable échange, autant entre artistes qu’avec le public. »

Texte : Aileen Orain
Photo : On the importance of being an arab

Les Rencontres à l’Echelle : jusqu’au 3/12 à Marseille.
Rens. 04 91 60 60 00 / www.lesrencontresalechelle.com