Les Instants Vidéo à Marseille, en PACA et ailleurs…

Les Instants Vidéo à Marseille, en PACA et ailleurs…

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Il était plusieurs fois la révolution

Pour sa vingt-quatrième édition, le festival des Instants Vidéo propose une programmation protéiforme qui permet d’éprouver, d’expérimenter et de penser ensemble les rythmes du monde et de la création vidéo actuelle par le biais d’une préoccupation brûlante qui réunit l’art et les modes de vie collectifs : les révolutions… esthétiques, politiques, poétiques.

Atypique et précieuse, la manifestation parvient à se frayer un chemin parmi les formes de diffusion et de promotion de la création artistique contemporaine en évitant le double écueil de l’élitisme et du populisme, en faisant de l’art, qu’il soit passé ou actuel, créé ou reçu, né en France ou ailleurs, le lieu d’une expérimentation incessante qui noue étroitement particularités locales et communications internationales. Pour comprendre un peu mieux la singularité de ce festival, nous nous sommes tournés vers son directeur, Marc Mercier, qui nous a raconté son histoire en mouvement. Basée à Marseille depuis 2004, l’équipe des Instants Vidéo cultive le nomadisme en faisant de cette ville « la terre d’enracinement et le poste d’envol pour travailler ailleurs. » Chaque année en effet, l’équipe part à la rencontre des artistes, surtout dans les pays du sud de la Méditerranée mais aussi en Amérique du Sud ou encore en Asie centrale, pour élaborer des ateliers de sensibilisation et de création, des laboratoires d’expérimentation, tout en étant attentive aux conditions de travail des artistes. Elle participe à l’essor de festivals vidéo (Maroc, Argentine, Syrie, Palestine, Kirghizstan…) et débute une collaboration avec les organisateurs d’un festival à Cuba. Des échanges qui permettent, en retour, d’enrichir la programmation du festival à Marseille. Traversée par toutes ces aventures sur le plan international et le souci de faire circuler et partager les images, les sons et les voix, la programmation s’enrichit également d’une sélection des œuvres envoyées à l’association chaque année. Fortement marqué par cette pratique du nomadisme, le festival est aussi animé par la volonté de tisser ensemble formes esthétiques et formes politiques, en ayant « le souci de la réalité du monde » et en se demandant « comment cela peut s’imbriquer sans forcer ».
Cette dynamique de liaison entre esthétique et politique prend une tournure et une saveur singulière avec les révolutions arabes : « Pour la première fois dans l’histoire du festival, il y a des partenaires, soit des artistes, soit des structures culturelles, qui participent à une révolution. (…) On ne peut pas faire comme si de rien n’était. Mais les Instants Vidéo, ce n’est ni un parti politique ni une chambre de réflexion philosophique, c’est avant tout une association qui s’occupe de diffusion, de création et de soutien des artistes. Notre combat reste sur le terrain du langage et de la poésie. » Une question se pose alors : « Comment accompagner ce mouvement révolutionnaire ou de révolte, en restant à notre place ? » D’où la ligne directrice de l’édition 2011: « Révolutions poétiques. Que faire ? ». De nombreuses propositions — installations vidéo (comme celle de Dominik Barbier, Men on Fire), projections, rencontres avec les artistes, les poètes et les penseurs — sont marquées par ce souci de faire dialoguer révolutions esthétiques et politiques telles qu’elles ont historiquement existé et telles qu’elles peuvent aujourd’hui se déployer. Mais bien d’autres installations et événements sont à découvrir et à savourer, notamment la performance de Michel Jaffrenou, pionnier de l’art vidéo en France (le 12).

Texte : Elodie Guida
Photo : Men on Fire de Dominik Barbier

Les Instants Vidéo : jusqu’au 13/11 à Marseille, en PACA et ailleurs…
Rens. 04 95 04 96 24 / www.instantsvideo.com