Les climats - (Turquie – 1h38) de et avec Nuri Bilge Ceylan, avec Ebru Ceylan…

Les climats – (Turquie – 1h38) de et avec Nuri Bilge Ceylan, avec Ebru Ceylan…

Une jeune femme, appuyée contre le pilier d’un temple en ruine, regarde, puis esquisse un sourire un peu forcé. Contre-champ : un homme lui sourit, presque obligé, il photographie avec application ces vestiges antiques. Dès les premiers plans… (lire la suite)

Les amours perdues

Une jeune femme, appuyée contre le pilier d’un temple en ruine, regarde, puis esquisse un sourire un peu forcé. Contre-champ : un homme lui sourit, presque obligé, il photographie avec application ces vestiges antiques. Dès les premiers plans, tout est dit. Comme les pierres qui les entourent, on a à l’écran un couple fatigué, une relation qui s’effrite. Un couple, une rupture. Rien de bien nouveau en apparence. Toutefois, Les climats est plus qu’une réussite sur un thème éculé, c’est un grand film. Justesse des acteurs (Nuri Bilge Ceylan et sa propre femme), dialogues réduits à l’essentiel et surtout des images d’une intense beauté. Rarement l’utilisation de la profondeur de champ n’aura été aussi intelligente. Afin de nous faire ressentir l’idée de distance qui s’installe entre l’homme et la femme, les deux personnages n’apparaissent presque jamais sur le même plan : elle est assise sur la colline, occupant l’essentiel de l’image, tandis que lui ne représente qu’un petit point, à peine perceptible, à l’arrière-plan. Les deux personnages sont à l’image, mais ils ne sont pas ensemble. Inversement sur la plage, c’est lui qui est devant, et elle au fond. Lorsque qu’ils apparaissent frontalement tous les deux, c’est pour évoquer l’imminente rupture ou tenter de sauver cet amour en fuite. On pense parfois à Un couple parfait de Suwa, et surtout à Antonioni pour cette manière lente et sublime de filmer des corps perdus. Les dernières images semblent irréelles : seule, sous la neige, elle regarde passer l’avion qui éloigne définitivement son ancien compagnon et qui finit par disparaître dans le ciel parmi les flocons. Le rideau (de neige) tombe, l’amour est mort. Reste les souvenirs, et les regrets.

nas/im