Pascale Robert et Franck Omer

Les Arts Éphémères

Les arts, dons au jardin

 

Pas si éphémère quand on en est à la onzième édition. Comme une ritournelle de printemps, le grand Parc de Maison Blanche se pare d’art et transforme son paysage — et nos regards — le temps de quelques jours à peine. Courez donc… y prendre le temps !

 

Avec une vingtaine d’œuvres, un plan à télécharger ou le choix de musarder, le Festival des Arts Éphémères que pilote la Mairie du 9-10 à domicile propose une singulière balade dans ce jardin qui vaut déjà le détour. C’est en effet depuis plus de 150 ans que séquoias, magnolias, grands cèdres et petites fontaines constituent une réjouissance paysagère presque secrète, à l’attrait certain mais trop peu pratiqué par les Marseillais du centre-ville, du fait d’une barrière mentale (« C’est loiiiin ») et en dépit de son accessibilité d’un coup de métro.

Mais ce qui nous affaire en ce début d’été n’est pas de causer d’ornement ou de mal paraphraser Gilles Clément, mais bien plutôt de faire sens, en s’attachant tout particulièrement au dialogue de l’homme avec la nature apprivoisée, dans un entrelacs de fictions que vous constituerez au fil de vos découvertes. « Dans la nature, tout n’est que flux. L’homme de son côté aime figer la beauté des choses. » Cette mise en exergue des mots du célèbre designer hollandais Maarten Baas, qui nous précipite dans une opposition nature/culture, nous fait entrer de plain-pied dans le projet du festival, ambitieux mais simple quant à ses moyens. Fort heureusement, la mairie s’est entourée d’acteurs locaux dont le dynamisme a fait preuve : le Château de Servières, le [mac], l’École d’art, Marseille Expos… en s’appuyant également, par leur entremise, sur des forces extérieures comme le programme Skulpturenprojekt Hard de Wuppertal et d’autres galeries internationales. Inaugurant ainsi le PAC – Printemps de l’Art Contemporain, la manifestation nous emmènera à la découverte d’œuvres installées ou créées in situ dans le jardin. Et il y en aura pour certainement tous les goûts, puisqu’ils sont dans la nature (!). Des œuvres artistes d’ici et d’ailleurs, des travaux d’étudiants de l’École d’art de Luminy, des restitutions d’ateliers pratiqués auprès de déficients visuels ou dans les hôpitaux, et même des performances le soir du vernissage… le festival promet de nous balader entre dessins, sculptures et installations plus monumentales qui vont s’intégrer pleinement au cadre, pour décaler le sens de nos pratiques des parcs et jardins. Un flux de rêves au pays d’Oz, que l’on vous souhaite fluide et mémorable dans un moment sans vanités vaines.

 

Joanna Selvidès

 

Les Arts Éphémères : du 29/05 au 10/06 au Parc Maison Blanche (150 avenue Paul Claudel, 9e).

Vernissage le 29/05 à partir de 18h30, avec performances et concerts.

Rens. : http://arts-ephemeres.fr/

Avec Robert & Omer, Pierre Luu, Les Pas Perdus, Jennifer Caubet, Jean-Baptiste Gaubert, Benedetto Bufalino, Dominique Castell, Jonas Honke, Mia Marfurt, Rita Parker, Abdul Rahman Katanan, Maia Tabakian, Yves Schemoul, Marcos Avila Forero, Joana Zimmermann, Carlos Martiel, François Genot, Axel Brun, Dominique Angel, Lana Boulhol et Laurie Cassuto, Sandrine Ozerov et Camille Bonnel, Lucian Moriyama, Miguel Angel Cancharihinojosa, Angélique Huguenin, Jérémie Delhome.