Le journal d’un fou au Théâtre Gyptis

Le journal d’un fou au Théâtre Gyptis

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L’espérance folle (Absolument humain)

Pour la nouvelle création maison du Gyptis, Andonis Vouyoucas met en scène Le journal d’un fou de Nikolaï Gogol. Une façon de parler de l’individu, de ce qui le sauve et de ce qui le perd dans sa confrontation avec l’absurde de nos sociétés et de leurs organisations politiques.

« Quand Picasso fait Guernica, il ne propose pas de solutions. Sa sensibilité heurtée produit un constat sur une situation, il crée une alerte, c’est ça, la fonction d’un artiste. » La phrase peut laisser une impression trompeuse. En la prononçant, Andonis Vouyoucas n’exprime pourtant pas une haute opinion de lui-même, mais la conscience aiguë de ce que sa fonction de serviteur des arts — sa mission — lui assigne. Ceci est d’ailleurs tellement vrai qu’à la première question, volontairement très ouverte et sibylline, sa réponse ne va pas vers lui ou vers l’œuvre qu’il est en train de créer ; elle est tout entière tournée vers le monde, le monde comme il va. Forcément, avec de tels sujets, on en revient à l’absurde, à Gogol et à la nouvelle production de la compagnie Chatôt-Vouyoucas. Andonis Vouyoucas parle alors de l’évolution de la place des fous dans la société, de celle de l’absurde dans la littérature, de son amour pour l’œuvre de Beckett, de Tchekhov, du nécessaire besoin d’évasion, par la rêverie ou l’imaginaire, par le théâtre ou même le téléphone portable. Et puis, très vite, il revient aux êtres, aux rencontres, humaines et artistiques, Josette Baïz, Charles-Eric Petit… aux relations que le Théâtre Gyptis entretient avec les artistes et les règles qui le régissent en la matière… Comme c’était déjà le cas avec sa précédente création (Hypatie), il nous sera donné à entendre de la musique en direct (Caroline Oliveros au piano) et du chant, Floriane Jourdain interprétant Massenet, Debussy, Liszt, et disant Pouchkine. Elle incarne la femme idéalisée par Auxence (Hervé Lavigne), l’une de ses folies douces, l’un de ses rêves éveillés. Il était alors tentant de demander où le directeur du Gyptis en était de ses rêves à lui : les vivait-il ? Les avait-il vécus ? « J’ai vécu, je vis, mon désir, ma passion dans le théâtre ; mon rêve, notre rêve, qui était de changer le monde avec l’art, non, je ne l’ai pas vu se réaliser… Mais je le porte encore dans mes rêveries, et celles des auteurs que l’on joue, et comme j’aime la France, j’espère que c’est encore elle qui montrera l’exemple. »

Texte : Frédéric Marty
Photo : F. Mouren Provensal

Le journal d’un fou : du 15 au 26/11 au Théâtre Gyptis (136 rue Loubon, 3e).
Rens. 04 91 11 41 50 / www.theatregyptis.com