Le festival Tendance Clown présenté par le Daki Ling

Le festival Tendance Clown présenté par le Daki Ling

Le clown du spectacle

A l’occasion de la quatrième édition du festival Tendance Clown, les fauves au nez rouge ont été lâchés dans la rue au Cours Julien, en salle au Dakiling ou sous chapiteau à Gardens. Une semaine durant, du passé, du présent et des cinq parties du monde, ils ont joué sur la corde sensible.

Tendance-Clown.jpgIls s’appellent Fritz, Proserpine, Jacky Star ou les Chiche Capon. Ils font route, seuls ou en troupeau. Gare à leurs faux noms de star ou de divinités qui sentent la fleur ou la frite, ces clowns sont capables du meilleur comme du pire. Dictateurs de pacotille, flics en détresse, hôtesses de l’air hystériques, punk mais pas trop, tendres ou révoltants, ils viennent nous faire une conférence sur la beauté, nous raconter l’histoire de l’humanité, chercher des copains, nous faire l’amour et nous insulter en même temps. Le temps du show, ces êtres singuliers nous font la totale pour affronter leur grand vide social : la plupart sont des solitaires et fêtent seuls leurs anniversaires. Ils cassent ta télé, vident ton sac ou insultent tes enfants, mais brandissent la dérision et la rencontre comme force politique contre un monde sécuritaire, bourgeois et intellectuel de cravates trop serrées. Ces créatures nous ressemblent, elles affirment le caractère humain jusqu’à ce qu’il se voit comme un nez rouge au milieu de la figure, elles gueulent ce qu’on pense tout bas, sont ce que nous n’assumons pas : nous, à poil, sans ce tas de fumier conventionnel qui nous écrase, nous dans la réalité de l’instant avec pour unique bagage le présent et le désir de rencontrer l’autre. Irritants ou fascinants, leur propos nous font quand même rêver : si les flics étaient des poètes, si l’histoire du monde, c’était finalement ça, si on pouvait balancer autant de vérités sans scrupules à la face du monde, comme ça, juste parce que ça soulage… Mais l’horreur n’est souvent pas loin : un suicide, un bout de cadavre, et le clown redevient un animal pour l’homme. Méfiez-vous, le clown est caméléon : enfui du chapiteau, il envahit la rue et même la télé. Souhaitons qu’il fasse bientôt de l’homme sérieux une espèce en voie d’extinction !

Coline Trouvé

Le festival Tendance Clown était présenté par le Daki Ling du 15 au 30/05.