L’autre, c’est moi

L’autre, c’est moi

Porté par la remarquable Michèle Philibert et son équipe, le Festival Reflets remet le couvert pour la sixième année consécutive et nous offre une sélection pertinente de la cinématographie gay, lesbienne et trans internationale…

Porté par la remarquable Michèle Philibert et son équipe, le Festival Reflets remet le couvert pour la sixième année consécutive et nous offre une sélection pertinente de la cinématographie gay, lesbienne et trans internationale.

Rendez-vous (trans)culturel désormais incontournable, le Festival Reflets s’offre à nous dans un contexte politique qui ne manquera pas de donner une portée toute particulière à l’évènement. Car il ne s’agit pas seulement de proposer ici un simple enchaînement de projections, fussent-elles précieuses. En filigrane, c’est l’ouverture sur l’autre, sur soi-même, sur le Monde, l’ailleurs, qui nourrit en profondeur la manifestation, et lui confère une solide matière à réflexion. Enfonçons derechef cette porte béante : la politique sarkoziste en matière de libertés individuelles vis-à-vis de la communauté gay et lesbienne est sans appel. Tout autant que son ouverture sur le Monde (pas celui des puissants, l’autre), et sa vision de la culture. Une possible élection changera profondément la donne d’une France aujourd’hui ouverte, bigarrée, puisant sa force dans ses différences, pluriculturelle et humainement exceptionnelle. Vis-à-vis de cette échéance éminemment importante pour nos vies futures, le Festival n’a pas trouvé de plus bel espace d’échange, de questionnement et d’approche que la question de l’Autre. Comment mutuellement se découvrir, se comprendre, s’accepter, s’aimer. D’où une sélection exceptionnelle, venue des quatre coins de la planète, que viendra défendre une poignée de réalisateurs. A l’instar du héros de Comme des voleurs (A l’est) de Lionel Baier, nous voyagerons dans la programmation avec cette soif de découverte et cet évident sentiment que plus nous avançons dans la compréhension de l’Autre, plus nous en savons sur nous-même. Cette richesse kaléidoscopique nous entraînera ainsi vers Israël avec The Bubble d’Eytan Fox, dans une description pertinente d’un autre Tel-Aviv. Nous retrouverons aussi le film du Canadien Denis Langlois, Amnésie: L’énigme James Brighton, ainsi qu’un iconoclaste opus du Thaïlandais Ekachai Uekrongtham, déclinaison trans du film de baston, sauce Ong Bak. Le Royaume-Uni nous envoie quant à lui sa première adaptation du Dogme 95 danois dans une très touchante histoire d’amour féminine. Le champ documentaire n’est évidemment pas en reste, avec en particulier deux sélections savoureuses : La Révolution Du Désir, 1970, la libération homosexuelle, d’Alessandro Avellis et Gabriele Ferluga, et le touchant hommage à Klaus Nomi, The Nomi Song, de l’Allemand André Horn. Les incontournables Cartes Blanches permettront surtout de découvrir l’excellent travail réalisé par le Festival Mix Brasil (Festival de cinéma et de vidéo sur la diversité sexuelle) de Sao Paulo. De multiples autres propositions, coups de cœurs et thématiques viendront parfaire une programmation impeccable, boostée par le grand sens de la fête de l’équipe organisatrice, qui une nouvelle fois investit de nombreux lieux phocéens (Oogie, le Trash, le cabaret Aléatoire…), concoctant avec brio de vrais instants de retrouvailles au son d’invités musicaux les plus divers. Du bonheur, enfin.

Sellan

Du 2 au 6 au Variétés et divers lieux (voir programmation détaillée en pages Ciné et dans l’Agenda p. 10-13). Rens. www.festival-reflets.org