© Blexbolex

Laterna Magica

Plein la lampe

 

Et c’est reparti pour un quinzième tour de manège avec Laterna Magica, le fameux temps fort de Fotokino, activiste reconnu des arts graphiques et cinématographiques pour petits et grands. De retour chez elle — chez nous donc — d’une collaboration réussie avec le Centre Pompidou, cette équipe des plus futées nous a concocté un programme de festivités avant l’heure des plus excitantes.

 

L’édition de Laterna Magica 2018 s’ouvre sur une mise à l’honneur de cinq artistes graphistes plasticiens polymorphes, aux univers fort différents, dont le dénominateur commun serait de voyager entre un onirisme adulte singulier et de fraîches rêveries d’enfance teintées de patrimoine : Blexbolex, Félicité Landrivon (activiste notoire de Grrrnd Zero, ce frangin lyonnais de l’Embobineuse), Jérémy Perrodeau, Goele Dewanckel et Roby Comblain étancheront notre soif de formes curieuses. Une bien bonne occasion de confirmer le renouvellement de la vivacité marseillaise et de découvrir de nouveaux lieux créatifs, comme l’Ambassade du Turfu à la Belle de Mai ou L’Articho, cette maison d’édition jeunesse récemment installée dans la ville.

Côté cinéma, place aux grands classiques comme La Grande Aventure, docu-fiction sur la vie sauvage en Suède en 1953, ou l’illustre Étrange Noël de Monsieur Jack, mais aussi des programmes de courts-métrages pour tous les goûts, pour tous les âges, et même pour les tout-petits, ce qu’on ne peut que saluer, tant la programmation de qualité pour cette tranche d’âge se fait rare.

Festival oblige, et comme ces projections ne se veulent pas des coups d’épée dans l’eau, mais tentent de donner un peu de sens et beaucoup de perspective à des techniques d’animation parfois méconnues ou oubliées, des ateliers de confection plastique sont proposés à la suite des séances. Histoire de prolonger la magie de ce que les chers bambins auraient vu à l’écran, reprenant de-ci de-là des astuces ancestrales (théâtre de papier, origamis…), simples et efficaces, dans cette veine DIY qui baigne désormais toute manifestation un tant soit peu concernée par son propre futur. Trois journées entières seront également proposées, d’abord au cœur de Belsunce et au Chantier naval Borg (au pied du Palais de Pharo), puis au Couvent Levat et, en pleine nature, pour un samedi au Théâtre du Centaure.

En guise de clôture et pour faire touche musicale, Raphaël Imbert au sax et Karol Beffa au piano proposeront un ciné-concert au Mucem, sur les fabuleuses Fables de Starewitch, ovni et bijou du cinéma français des années trente.

Loin de la fascination consumériste pour les nouvelles technologies, loin de toutes les coquetteries dont se pare hélas trop souvent le milieu de l’art contemporain, Laterna Magica offre une belle et rare occasion de remettre en lumière des techniques et des esthétiques tombées en désuétude, mais encore fourmillantes d’idées. En faisant enfin place à une scène graphique et à l’animation indépendantes à Marseille, voici un Noël qui sent bon le feu de tout bois.

 

Joanna Selvides

 

Laterna Magica : du 7 au 16/12 à Marseille, Aix-en-Provence et Arles.

Rens. : 09 81 65 26 44 / www.fotokino.org

Le programme complet du festival Laterna Magica ici