La Traversée au Vieux Port dans le cadre du festival Airs Libres

La Traversée au Vieux Port dans le cadre du festival Airs Libres

Têtes de pont

1000 miles nautiques sur un voilier pour s’inspirer, écrire et composer le texte et la musique d’une aventure théâtrale originale : avec La Traversée, la compagnie Le Silence des Bateleurs nous présente le fruit d’une expérience insolite.

La-Traversee.jpgÇa commence par un voyage, histoire de se mettre dans le bain. Un bain méditerranéen de trois semaines entre Marseille et Naples, ponctué de quelques escales insulaires. Le voyage d’un metteur en scène, d’un écrivain et d’un musicien sous la houlette d’un skippeur, avec comme mission la collecte de « matériaux » pour façonner une pièce. Quelques mois plus tard, pendant trois jours, le voyage fait escale à Marseille pour une lecture du journal de bord, mise en musique par le contrebassiste Bastien Boni. La scène se passe dans le Vieux Port sur le pont du voilier, avec comme mise en bouche auditive une installation sonore conçue à partir d’enregistrements de l’ineffable Bernard Moitessier (Cf. le DVD La longue route de Bernard Moitessier (Itinéraire d’un marin de légende) (Equator Editions)). L’escale suivante a lieu au Petit Théâtre de la Friche. Le journal de bord revu et corrigé donne naissance à une fiction théâtrale. Un couple embarque sur un voilier de charter skippé par une femme, pour une petite croisière en amoureux, destination Pompéi.
La lecture en extérieur sur le pont du voilier est un petit délice, une compilation des impressions, anecdotes, réflexions et divagations de l’esprit au fil des navigations, des escales, des quarts de nuit, des manœuvres et des mouillages. On s’y croirait presque : il suffit de fermer les yeux et on y est. La fiction reprend certains éléments du journal de bord, notamment les réflexions et autres digressions que notre esprit s’autorise en mer quand il n’est plus contraint par aucune barrière, quand la fatigue d’une veille nocturne nous place à la limite du songe et du réel. Alors on se laisse emporter par les comédiens, bercés par le roulis, le sillage de l’étrave ou les voix sur les quais que diffuse la bande-son. D’autres éléments de la création, imaginés par l’auteur pour composer la fiction, peuvent sembler factices et en décalage avec l’idée du voyage dans lequel La Traversée nous emmène. Mais cette étape de création en appelle d’autres, puisque comme nous le rappelle Gilles Le Moher avant le début du spectacle, « la pièce est dans un processus de construction et d’évolution. » On attend la prochaine escale avec impatience.

Yves Bouyx

La Traversée était présentée les 3 et 4/06 sur un bateau au Vieux Port dans le cadre du festival Airs Libres de la Minoterie, puis du 5 au 12/06 à la Friche la Belle de Mai.