La forêt de mon rêve, à la Galerie d’art du Conseil Général

La forêt de mon rêve, à la Galerie d’art du Conseil Général

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Songe éveillé

Avec La forêt de mon rêve, l’écrin de la Galerie d’art du Conseil Général nous offre un parcours entre fraîcheur et gravité, comme ciselé dans la masse des contes. Des sous-bois et des clairières parsemés de nombreuses productions (dont certaines sont des bijoux) et une renversante reforestation de l’inconscient !

Sous la direction artistique de Véronique Traquandi, les commissaires d’exposition Nathalie Guimard et Vincent Tuset-Anrès (Fotokino) ont opté pour une promenade onirique au détour d’œuvres pertinentes et variées (films, photographies, illustrations, gravures, installations, sculptures…) qui sauront, à travers une superbe scénographie (en collaboration avec Renaud Perrin), réactiver nos inquiétudes et fantasmes imprégnés des récits populaires de l’enfance. La cinéaste Aline Ahond présente une série de huit photographies accompagnées d’un texte remanié par l’auteur et comédienne Pascale Petit. Une volonté d’identification est ainsi enclenchée grâce à ce conte créé pour l’exposition : on y entre comme dans une histoire où chaque réalisation d’artiste (vous croiserez aussi bien Gustave Doré que les regrettés Roland Topor et Louise Bourgeois, ainsi qu’une multitude de contemporains) apporterait son arbre à la forêt. L’animalité et le fantastique émergent des paysages de Chloé Poizat, s’incarnent par ombres portées dans la Licorne de Colette Hyvrard ; loups, monstres et hybrides se glissent sur l’écran, le papier ou le bois — de façon souvent ludique : on peut prendre les commandes du robot bricolé de Daniel Depoutot ou caresser le saisissant Fantôme volant en chêne de Laurent Le Deunff. Les figures d’Alice et du Petit Chaperon Rouge cheminent dans les démarches de Kiki Smith, Sarah Moon ou Polixeni Papapetrou… D’anciens livres illustrés feront peut-être découvrir aux plus jeunes le fabuleux dessinateur anglais Arthur Rackham. Une autre Alice (Anderson) détourne et se réapproprie les écrits tandis que Janaina Tschäpe, avec son cliché Pendulus Somnis, nous rappelle que le temps du berceau organique est suspendu à notre humanité et que « la forêt, c’est encore un peu de Paradis perdu (1)) ». Tim Walker recolorise et illumine le décor naturel pendant que Noémie Privat le croque et qu’Hervé Graumann le perce.
Cet exercice de style, déclinant tant d’arborescences, nous perd délicieusement dans un imaginaire à partager en famille tout en nous renvoyant, sans évincer les méandres de la psychanalyse, à notre errance : « Au cœur du rêve, je suis seul […] Je me retrouve dans l’isolement parfait de la créature devant le monde. (2)) »
Mais le songe ne s’arrête pas là, car des activités sont programmées pour mettre la main et le pied dans l’univers forestier.

Texte : Marika Nanquette-Querette
Illustration : Kiki Smith

Jusqu’au 28/02 à la Galerie d’Art du Conseil Général (21 bis cours Mirabeau, Aix-en-Pce).
Rens. 09 50 38 41 68 / www.fotokino.org / www.cg13.fr
Réservations des ateliers au 04 42 93 03 67

Notes
  1. Marcel Aymé (Clérambard, I, 10, le moine[]
  2. Albert Béguin (Poésie de la présence[]