L'interview : PIERRE-GEORGES FARRUGIA

L'interview : PIERRE-GEORGES FARRUGIA

Activiste de la première heure, ce fidèle défenseur de la chanson française a réussi à inscrire le festival Avec le temps dans la durée. Comme quoi « Avec le temps… tout ne s’en va pas »… (lire la suite)

Activiste de la première heure, ce fidèle défenseur de la chanson française a réussi à inscrire le festival Avec le temps dans la durée. Comme quoi « Avec le temps… tout ne s’en va pas »

Dix ans d’existence pour un festival, c’est plutôt rare. Entre les objectifs des débuts et les exigences actuelles, quel regard portez-vous sur l’événement ?
La première édition, en 1997, et celle qui a suivi étaient avant tout un hommage à Léo Ferré. Avec Richard (ndlr : Richard Martin, directeur du théâtre Toursky et ami de Ferré) et la famille de Léo, on voulait fêter dignement les quatre ans de sa disparition avec des concerts, des expos… Par la suite, on a essayé par tous les moyens de défendre la chanson française et francophone, en mettant aussi l’accent sur la création actuelle et les nouveaux talents.

Justement, l’équilibre entre les têtes d’affiche et les découvertes n’est-il pas trop difficile à établir dans votre programmation ?
Cet équilibre est nécessaire, il permet au public venu voir des artistes reconnus d’en découvrir d’autres qui le sont moins. Axer un festival uniquement sur la découverte limiterait notre audience…Et puis voir CharlElie Couture, Arthur H ou Thiéfaine, c’est toujours un plaisir. J’espère que le public en profitera aussi pour découvrir des jeunes talents comme Castafiore Bazooka, Rit ou Scatsy.

Le festival se déroule sur deux semaines et dans une dizaine de lieux. Cette dispersion ne nuit-elle pas à la visibilité et à la reconnaissance du public ?
Au contraire. La plupart des festivals se déroulent sur quelques jours, nous on travaille sur la durée. Et puis cette synergie entre ces lieux de diffusion marseillais, qui ne travaillent que trop rarement ensemble, est positive. Ils nous aident aussi à la programmation, je leur fais entièrement confiance car ce sont souvent des endroits où l’on découvre des artistes et ils ont un contact permanent avec le public. Et puis, ça permet aussi à certains de découvrir des lieux moins fréquentés comme le théâtre Marie-Jeanne…

Il semble qu’on assiste aujourd’hui à un renouveau, on parle souvent de la « nouvelle chanson française ». La formule paraît trop facile pour recouvrir l’entière réalité.
C’est vrai, aujourd’hui les médias, notamment les radios, s’intéressent plus à la chanson alors qu’ils privilégiaient depuis une quinzaine d’année d’autres styles musicaux : rap, électronique, reggae… Pendant longtemps, la chanson française a été moins diffusée, ce qui ne veut pas dire qu’elle s’essoufflait. Je pense aussi qu’il y a depuis quelques temps un regain d’intérêt du public pour le texte, la poésie, tout ce qui fait que la chanson nous touche.

Cela pose aussi la question de la place du rap dans le paysage hexagonal, et dans la programmation du festival…
Le rap, c’est aussi le texte, mais souvent on n’en retient que le côté rythmique. Et puis organiser un festival, c’est aussi se concentrer sur ce qu’on connaît le mieux : la chanson. On reste toutefois ouvert, la présence du groupe 113 le prouve, mais on ne peut pas se permettre de se disperser.

Un mot, pour finir, sur l’émergence et la reconnaissance nationale d’artistes régionaux.
C’est super, même si c’est facile aujourd’hui de se saisir du « phénomène » Anaïs alors que nous, et les salles de concert avec qui nous travaillons, la défendons depuis le début.

PROPOS RECUEILLIS PAR nas/im

Festival Avec le temps, du 23/03 au 7/04.
Rens. 04 91 37 76 58 / www.festival-avecletemps.com