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Peeping me convoque et sollicite une participation active du spectateur. Tout à la fois touchant et touché, voyant et visible, observateur et observé… Il est pris dans un dispositif complexe en même temps qu’il est amené à tisser des liens avec le performeur, Paulo Guerreiro…

Peeping me convoque et sollicite une participation active du spectateur. Tout à la fois touchant et touché, voyant et visible, observateur et observé… Il est pris dans un dispositif complexe en même temps qu’il est amené à tisser des liens avec le performeur, Paulo Guerreiro.

Faire l’expérience de cette installation performance ne peut laisser indifférent. Elle suscite des sentiments divers et contradictoires : dégoût, rejet, plaisir, étonnement… Tous les éléments du dispositif sont agencés de telle sorte qu’ils fonctionnent comme un parcours à la fois sensoriel et cognitif, où la teneur de l’expérience est fortement liée à la façon dont nous les accueillons. Et les activons. Les références au Peep show, au voyeurisme, à l’exhibitionnisme sont présentes en étant ni simplement détournées ou inversées. Mais déjouées et rejouées autrement.
Visuellement très différentes, les deux pièces principales à explorer seul, à tour de rôle, sont l’occasion d’une rencontre ambiguë avec le performeur autant qu’avec soi-même. Dans la première salle, on est amené à glisser ses mains dans des trous et à explorer une surface sensible, vivante. Nos mains découvrent un corps nu. Elle palpent, devinent, à la fois actives et passives devant un corps qu’elles touchent tout autant qu’elles accueillent. On peut sentir des battements de cœur, la chaleur d’un souffle… La mise en scène motive une rencontre sensorielle avec l’artiste en même temps qu’elle la contraint, en s’adressant à une exploration tactile seulement. En même temps, un miroir, installé entre les trous, réfléchit nos attitudes, révèle l’angoisse ou le plaisir de cette rencontre particulière. Présence étrange du miroir, qui montre en même temps qu’il dissimule, qui reflète le connu (l’image de nous-même) et non pas l’inconnu qui doit se trouver juste derrière.
Dans la seconde salle, des trous sont également aménagés dans les cloisons. Qui se révèlent être des oeilletons. Le corps senti mais non visible de la précédente expérience est cette fois perceptible mais absent de la sensation. Sauf qu’on y découvre plus que le corps de l’artiste : le fonctionnement du dispositif. Derrière la silhouette du performeur dansant dans une pièce sombre, apparaît en pleine lumière un spectateur en train d’expérimenter la rencontre tactile de la première pièce. Le miroir ne renvoyait pas simplement à soi-même, il était aussi la surface qui permettait de s’exposer visuellement à un autre que soi, à l’artiste tout autant qu’au spectateur de la seconde pièce. Troublant…

Texte : Elodie Guida
Photo : Richard Melka

Peeping Me était présenté à la Compagnie les 27 & 29/04